Condamnation de l’homosexualité : vers une reconnaissance de la responsabilité de l’État
Il suffit souvent de quelques images pour faire revivre des souvenirs… Bernard Bousset était pourchassé parce qu’il était homosexuel, à une époque où de telles orientations pouvaient conduire à la prison. Le Sénat vient de reconnaître la responsabilité de l’État jusqu’en 1982 dans ces discriminations, mais sans voter d’indemnisation. "Ce n’est pas une somme qui peut réparer des erreurs. C’est simplement le fait de dire : 'On s’est trompé'", assure Bernard Bousset. Il a 23 ans lorsqu’une soirée avec un jeune garçon le conduit au tribunal.
"Il faut le faire"
Au procès, il est humilié et condamné à une lourde amende. Son jugement est publié dans un journal local. "Depuis, j’ai honte. J’arrive avec cette marque (…) : 'J’étais un délinquant. J’étais un malade'", témoigne Bernard Bousset. Comme lui, entre 1942 et 1982, plus de 10 000 personnes ont été condamnés.
La proposition de loi entend les réhabiliter. "Il faut le faire, tant qu’il y a encore des gens en vie. Dire à ces victimes : 'Nous vous avons entendu. Nous vous considérons et nous vous formulons les regrets de la nation'", indique le sénateur PS Hussein Bourgi. Jusqu’en 1992, l’État français a classé l’homosexualité comme une maladie psychiatrique. Pour les associations de lutte contre l’homophobie, la reconnaissance du rôle de l’État dans ces discriminations était indispensable.
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