La loi immigration "va à l'encontre des idéaux humanistes d'ouverture que ce pays professe", estime l'écrivain Felwine Sarr

L'écrivain sénégalais, invité dimanche sur France Inter, critique un texte "absolument désastreux" qui "crée une scission entre les catégories de Français".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'écrivain sénégalais Felwine Sarr, le 19 décembre 2019 à Dakar (Sénégal). (MARIA RODRIGUEZ / EFE)

La loi immigration "va à l'encontre des idéaux humanistes d'ouverture que ce pays professe", a critiqué l'écrivain sénégalais Felwine Sarr sur France Inter, dimanche 7 janvier. Dans Les lieux qu’habitent mes rêves, son dernier ouvrage, publié le 4 janvier aux éditions Zulma, l'auteur raconte l'histoire de jumeaux sénégalais aux chemins distincts, dont l'un reste dans son pays natal tandis que l'autre part pour la France à Orléans, où il est obligé de travailler dans le secteur agricole pour payer ses études. C'est l'histoire de Felwine Sarr.

"On travaillait dans les champs de pommes durant l'automne, avant d'aller nous inscrire" à l'université, raconte l'écrivain sur France Inter. "Et l'été, on travaillait dans les champs de cerises et à cette époque, les cartes de séjour ne nous donnaient pas le droit de travailler en intérim. Et donc ce sont des conditions dans lesquelles on étudie, on est obligé d'avoir des petits boulots et de se battre et de réussir." À travers ce livre, Felwine Sarr a voulu raconter "la tension de l'accueil".

Des propositions d'extrême droite devenues "acceptables"

Ce passé pousse l'écrivain à rejeter en bloc la loi immigration du gouvernement, adoptée par le Parlement. Felwine Sarr critique un texte "absolument désastreux", il voit une loi qui "crée une scission entre les catégories de Français". Que ce soit ceux "qui peuvent être sujets à une déchéance de nationalité" ou ceux qui "sont nés ici et n'ont pas automatiquement le droit du sol" et qui, avec cette nouvelle loi immigration, "devront attendre d'avoir 18 ans".

Les propositions politiques "d'extrême droite" sont devenues "acceptables et communes", s'inquiète Felwine Sarr, qui se demande "ce qui est arrivé à ce pays". Le gouvernement se défend d'avoir créé une loi voulue par les Français en s'appuyant sur des sondages, mais "gouverner n'est pas suivre les atavismes de groupes" qui "peuvent être aveuglés", défend le penseur sénégalais, préconisant plutôt aux responsables politiques de "proposer des chemins de lumière".

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