Nouvelle loi immigration : l’association J’accueille accuse Bruno Retailleau de faire du "Donald Trump"

Le ministre de l'Intérieur va proposer une nouvelle loi immigration, la 33e en 44 ans. Objectif : prolonger la détention en centre de rétention des étrangers en situation irrégulière "qui présentent des profils dangereux".
Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le 11 janvier 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

"Ce n’est pas très intelligent et contre-productif à plusieurs égards", tacle lundi 14 octobre sur franceinfo David Robert, directeur général de J’accueille, une association référente sur les questions d’accueil et d’hébergement citoyen de personnes réfugiées, alors que Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement a annoncé dimanche une nouvelle loi sur l’immigration début 2025, la 33e depuis 1980.

Cette annonce intervient un an après la promulgation de la précédente loi immigration en janvier 2024 qui avait enflammé le Parlement. L’objectif de ce nouveau texte est de "faciliter la prolongation de détention des étrangers en situation irrégulière qui présentent des profils dangereux dans les centres de rétention administrative", a expliqué Maud Bregeon dimanche sur BFMTV. Bruno Retailleau souhaite passer de 90 jours maximum à 210 jours maximum. C’est "5% des obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui sont prononcées pour des durées supérieures à 60 jours. On voit bien que l'allongement de cette durée n'aura absolument aucun effet sur la prétendue sécurité que ça permettrait d'amener", réplique David Robert.

"Déconnecté" des réalités économiques

Le gouvernement tente de répondre à l’émotion qu’à suscité l’affaire Philippine, une étudiante violée et tuée au bois de Boulogne à Paris par un suspect détenu en centre de rétention, mais qui avait été relâché alors qu’il devait être expulsé. "On dirait un peu ce que fait Donald Trump qui continue d'expulser, d'associer systématiquement dans son discours immigration et problème quand 99% des immigrés en France veulent tranquillement pouvoir vivre, participer à leur société. On continue d'associer systématiquement l'immigration à des problèmes, c'est navrant", estime David Robert. Il accuse Bruno Retailleau d’être "un peu déconnecté" des "réalités économiques", citant le patron du Medef. "Patrick Martin le rappelait en décembre dernier à l'occasion de la fameuse loi immigration votée par Gérald Darmanin : il y a un besoin massif d'employer des gens", assure-t-il.

Bruno Retailleau a reçu place Beauvau mardi une vingtaine de préfets pour parler d’immigration. Il souhaite leur fixer des objectifs et remplacer la circulaire Valls de 2012. Cette dernière "permet de régulariser des gens qui travaillent ou dont la famille travaille à deux tiers. Ça veut dire qu'à l'heure où on va chercher le moindre euro pour fabriquer un budget qui tienne à peu près la route, on empêche les gens qui travaillent déjà de payer les impôts et on empêche leur employeur de payer des cotisations. On marche sur la tête", a-t-il déploré.

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