Immigration : des titres de séjour pour les "métiers en tension" est "une avancée", estime une ancienne membre de la direction confédérale de la CGT
Les ministres de l'Intérieur et du Travail ont dévoilé les contours du projet de loi immigration dont l'examen est prévu début 2023.
"Le fait qu'on parle d'immigration travail et pas seulement d'asile politique c'est déjà un cap qui est passé parce que jusqu'à présent c'était tabou", a déclaré ce mercredi 2 novembre sur franceinfo Marilyne Poulain, ancienne membre de la direction confédérale de la CGT et référente du syndicat sur la question des travailleurs migrants. Le gouvernement a dévoilé mercredi les grandes lignes de son projet de loi sur l'immigration avec la volonté de mettre en place des titres de séjour "métiers en tension".
franceinfo : Que pensez-vous des annonces du gouvernement ?
C'est une avancée au niveau du discours. Cela fait des années que l'on met en avant une réalité sociale qui est qu'un grand nombre de travailleurs sans-papiers font vivre des pans entiers de l'économie dans les emplois les plus précaires. Le fait qu'on parle d'immigration travail et pas seulement d'asile politique c'est déjà un cap qui est passé parce que jusqu'à présent c'était tabou.
"Le fait qu'on parle de remise en cause du pouvoir de l'employeur dans le processus de régularisation est un élément qui est extrêmement positif."
Marilyne Poulain, ancienne membre de la direction confédérale de la CGTà franceinfo
Qu'est-ce que cela va permettre en plus ?
Aujourd'hui, un salarié qui est dans les métiers en tension est soumis à la volonté ou pas de son employeur de remplir une demande d'autorisation de travail pour salarié étranger, donc à la volonté ou pas d'accompagner sa régularisation. Il y a aussi des temps de présence qui sont demandés sur le territoire, une ancienneté de travail. Il y a un nombre de bulletins de salaires qui est demandé. Cette demande d'autorisation de travail est redemandée à chaque changement d'employeur pour les personnes titulaires de carte de séjour salarié.
Ce qui est intéressant c'est de remettre en cause cette obligation d'accompagnement de l'employeur parce qu'il y a des entreprises où ces salariés subissent des conditions de travail dégradées parce qu'il y a une forme de chantage qui peut s'établir. Cette demande d'autorisation crée une dépendance très forte vis-à-vis de l'employeur et précarise les titulaires de titres de séjour salariés.
Quelle est la part des travailleurs sans-papiers dans ces métiers en tension ?
Cela dépend des secteurs. Il y a des secteurs comme l'hôtellerie et la restauration qui sont confrontés notamment dans les métiers de la plonge, des commis de cuisine. Dans le nettoyage, il y a une très forte proportion et ce n'est pas forcément un métier qui est reconnu comme étant en tension. Il y en a aussi dans le BTP. Il est important dans la liste des métiers qu'ils vont élargir de prendre en compte le besoin de formation professionnelle, d'évolution du salarié.
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