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Impressions après l'épreuve de philosophie

La philosophie inaugurait les épreuves du Baccalauréat jeudi. Prise de température à la sortie des salles
Article rédigé par France2.fr
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La philosophie inaugurait les épreuves du Baccalauréat jeudi. Prise de température à la sortie des sallesLa philosophie inaugurait les épreuves du Baccalauréat jeudi. Prise de température à la sortie des salles 12h05. Une petite foule de lycéens est en effervescence devant le Lycée Camille Sée du XVe arrondissement de Paris après avoir rendu les copies.

Une question d'un mot revient dans toutes les discussions : "Alors ?" Une question nuancée d'un sourire et d'un regard complice, marqué par des yeux rouges de fatigue et d'intenses efforts.

Eparpillés sur le trottoir, les cigarettes se consument, les visages sont tirés. Mais les sourires, même épuisés dominent. Certains chahutent et se bousculent quand d'autres ont besoin de calme, de rigoler, de discuter de tout sauf de philosophie.

Pour Antoine, en filière économique et sociale(ES), les quatre heures "se sont bien passées". Mais "là, on sort, ça fait du bien", dit-il dans un sourire encore crispé par l'épreuve.

Beaucoup de ses camarades du même BAC généraliste semblent avoir pris le "Sujet 1 : Que gagne-t-on à échanger ?". L'un des comparses d'Antoine, les écouteurs blancs de son baladeur autour du cou, reprend : "De toute façon, c'est le seul truc que j'avais révisé".

Un autre lycéen arrive. Il a fait le tour des classes de terminale ES1, ES2, et ES3 du lycée. "Les gens pensaient avoir raté, mais en fait ça va aller", résume-t-il.

Pas de catastrophe ou de hors-sujet à signaler. Un bachelier à la barbe déjà fournie lance les pronostics : "Si j'ai 10, je suis un miraculé". Mathieu, lui, ne se plaint pas : "Je suis content, vite fait". Une relative satisfaction qu'il explicite avec brio : "Hier, en révisant, je me disais que j'allais avoir 5-6. Finalement, ça pourrait être 7-8".

"Demain, c'est le vrai bac"


Mais pour ceux de la branche ES, la philosophie a un coefficient de 4 alors que les mathématiques ou l'histoire ont des coefficients 5, un coefficient plus élevé encore pour l'économie, plus encore selon les spécialités choisies.

Voilà pourquoi, d'après de nombreux élèves de terminale ES, "demain, c'est le vrai bac!" [avec les mathématiques]. "Là c'était de la blague" conclut un autre. Une blague qui pourtant n'empêche pas les insomnies. Sur huit jeunes hommes, deux n'ont pas trouvé le sommeil : "J'ai pas dormi cette nuit", "j'ai pas réussi à dormir", ont-ils reconnu.

Un nouveau lycéen se joint à la conversation et fait son récit sur le stress : "Hier soir, ça allait, j'ai fait un hammam pour me détendre. Ce matin, je me lève, je prends mon petit déjeuner, je me prépare, tout allait bien... jusqu'au moment où j'ai mis le premier pied dehors. Là, j'ai eu la boule au ventre. Après, on arrive devant le lycée. On voit les autres, on lance quelques vannes pour se détendre. Mais une fois dans la salle, à sa table, devant la feuille retournée à travers laquelle on voyait quand même le sujet, là il y a eu du stress."

"La finale avant l'heure" pour les littéraires


Le son de cloche est différent pour les élèves en terminale littéraire. La philosophie est leur matière principale. "Pour nous, c'était la finale avant l'heure", lance Solène. "On est soulagée", dit-elle en soufflant la fumée de sa cigarette. "Et dans le doute", ajoute son amie, adossée à la rambarde devant le lycée, qui a choisi de traiter la question "Le langage trahit-il la pensée ?".

"Le plus dur est passé", "le plus dur est fait" répètent-elles comme pour évacuer les quatre heures précédentes. Une évacuation nécessaire puisqu'à 14 heures, la filière "L" devait reprendre le chemin des salles d'examen pour l'épreuve de littérature d'une durée de deux heures : "ça va faire mal", se désolent-elles.

Si leur matière-phare est rendue, les littéraires ont encore des matières aux coefficients importants comme l'histoire, mercredi. Alors la fête de la musique "se passera à la maison. On va écouter deux minutes de musique et on se remettra à travailler".

Le travail, les élèves d'ES, eux non plus, n'ont pas fait l'impasse dessus : "ça fait un mois qu'on est à la Bibliothèque Sainte Geneviève jusqu'à 22h, tous les soirs. Ca a fait du bien".

Espérons surtout que cette bonne volonté et ce travail se traduisent dans leurs copies car comme le dit Antoine, "le bac, c'est pas la vie, c'est pas la mort non plus mais si on continue, sur le marché du travail, il faut l'avoir."

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