Allongement du délai légal de l'IVG : "Cela ne suffit pas, il faut mieux répartir les centres qui accueillent ces femmes", estime une gynécologue-obstétricienne
La gynécologue Ghada Hatem rappelle que "beaucoup de femmes s'aperçoivent qu'elles sont enceintes à la limite du délai, voire le délai à peine dépassé."
L'allongement du délai légal de l'IVG "ne suffit pas, il faut mieux répartir les centres qui accueillent ces femmes", a expliqué mercredi 23 février sur franceinfo Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). L’Assemblée nationale doit adopter définitivement aujourd’hui la proposition de loi sur l’allongement du délai de l’IVG de 12 à 14 semaines.
franceinfo : Est-ce que cela va permettre de répondre au manque de praticiens ?
Ghada Hatem : Cela ne suffit pas, il faut mieux répartir les centres qui accueillent ces femmes et qui réalisent les IVG. Les gens qui sont sur le terrain le savent très bien, beaucoup de femmes s'aperçoivent qu'elles sont enceintes à la limite du délai, voire le délai à peine dépassé. Le temps de trouver quelqu'un, le délai est dépassé. Cette loi va leur permettre d'être accueillies immédiatement et de bénéficier immédiatement de l'IVG.
Rencontrez-vous souvent des femmes dans cette situation ?
Oui. Hebdomadairement, elles sont jeunes ou moins jeunes. Cela peut arriver à tout le monde de prendre une pilule régulièrement, de saigner régulièrement, de ne pas avoir de symptômes et de faire un test parce qu'on se sent patraque, une échographie et on est déjà au-delà du délai. C'est un enfant qui n'est pas attendu, désiré et qui vient bouleverser le cours d'une vie. Est-ce qu'on a le droit de dire à cette femme, tant pis pour toi ?
Que répondez-vous à ceux qui disent que cette intervention peut être insoutenable pour certains professionnels ?
Elle est peut-être insoutenable dans l'esprit des sénateurs mais elle ne l'est pas dans celui des médecins qui réalisent déjà des avortements à 12 semaines de grossesse. Là, on augmente un tout petit peu et cela ne va pas être insoutenable du tout. C'est un argument qu'on agite pour faire peur. Il y a déjà beaucoup de médecins qui refusent de faire des IVG. Il y a des anesthésistes qui refusent d'endormir les IVG. C'est un sujet très sensible. Je pense qu'il faut que les médecins qui veulent accompagner les femmes et faire ce geste se signalent. Cela évitera aux femmes d'errer de médecin en médecin et de s'entendre dire : "Revenez la semaine prochaine". Elles iront droit au but et ce sera plus simple pour tout le monde.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.