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Avortement en Argentine : "Ce combat pour la libéralisation des femmes est aussi un combat contre le patriarcat"

La présidente de l'association France Amérique Latine estime que la loi légalisant l'avortement finira par passer en Argentine. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les militants pour la légalisation de l'avortement en Argentine sont déçus, le 9 août 2018, à Buenos Aires.  (EITAN ABRAMOVICH / AFP)

Avec 38 voix contre 31, les opposants à la libéralisation de l'avortement en Argentine ont remporté jeudi 9 août une victoire au Sénat. L'effort de mobilisation des pro-IVG a cependant "ouvert une porte", estime Sophie Thonon, avocate et présidente de l'association France Amérique Latine, dans "un contexte général de révolte et de mobilisation populaire".

franceinfo : Que faut-il retenir de ce vote ?

Sophie Thonon : De la décision des sénateurs, je retiens une chose, ils ne passeront pas à l'histoire. Par contre, la mobilisation de la jeunesse argentine, elle, passera à l'histoire. Il est manifeste qu'une porte a été ouverte, que l'avortement n'est plus tabou en Argentine et que ce combat va continuer. Et cette loi passera. Elle ne peut pas ne pas passer. Et le vote de l'Argentine est très important, car l'Argentine est l'un des plus grands pays d'Amérique latine.

A l'heure actuelle, je rappelle qu'il y a les femmes dans le cadre de la révolution cubaine qui ont gagné le droit à l'avortement, depuis maintenant plus de 30 ans. Il y a ensuite la seule ville de Mexico qui a promu une éducation sexuelle très importante, et il y a très récemment l'Uruguay qui a rejoint le pas. Donc l'Argentine était un pays phare pour permettre un déblocage sur tout le continent latino-américain, et peut-être aussi sur le continent nord-américain, qui est en recul sur cette question.

Le poids de l'Église en Argentine a-t-il joué sur le résultat selon vous ?

Ce qu'il se passe, c'est qu'il y a certes le poids de l'Église qui a compté, mais aussi le poids des évangélistes, qui monte en Argentine comme il est monté au Brésil. Il y a un contexte général de révolte et de mobilisation populaire. Je crois qu'à l'heure actuelle le peuple argentin est l'un des seuls peuples que je connaisse qui est capable de se mobiliser autant. Lorsqu'il y a eu ces accords signés avec le FMI et le gouvernement actuel de Mauricio Macri, il y a plus d'un million de personnes qui se sont mobilisées et qui sont descendues dans la rue.

Selon vous le combat va au-delà de la légalisation de l'avortement ?

Ne nous trompons pas de combat. Disons que ce combat pour la libéralisation des femmes c'est aussi un combat de lutte contre le patriarcat. Les femmes veulent effectivement marquer qu'elles sont maîtres d'elles-mêmes, maîtres de leurs corps et que ce ne sont pas les hommes qui vont continuer à les emprisonner avec des grossesses non voulues. Le combat contre le patriarcat prend place à l'intérieur d'une mobilisation très forte du peuple argentin, qui s'inscrit dans un contexte plus large.

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