Inscrire l'avortement dans la Constitution permet "d'obliger les politiques à protéger ce droit" estime la présidente nationale du Planning Familial
Dans la matinée, Emmanuel Macron a annoncé sur le réseau social X un projet de loi constitutionnel visant à inscrire l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution et présenté "d’ici la fin de l'année". La présidente du planning familial, Sarah Durocher, a salué dimanche 29 octobre sur franceinfo une "victoire des féministes", qui permettrait "d'inscrire l'avortement comme un droit fondamental", "d'empêcher des politiques conservatrices de s'attaquer à ce droit", et de montrer que "constitutionnaliser le droit à l'avortement, c'est possible" à d'autres pays dans le monde. Il reste cependant d'autres chantiers, sur la loi Veil par exemple (loi du 17 janvier 1975 qui encadre la dépénalisation de l'avortement en France), "supprimer la clause de conscience" et simplifier la procédure.
franceinfo : En quoi est-ce une nécessité d'inscrire l'avortement dans la Constitution ?
Sarah Durocher : La première raison, c'est que ça inscrirait l'avortement comme un droit fondamental. La deuxième, c'est que dans les pays européens où l'extrême droite arrive au pouvoir, une des choses attaquées, c'est l'avortement. Pour nous, il n'y aurait pas d'exception française ! Ça veut donc dire que si des politiques veulent remettre en cause l'avortement, ce sera plus compliqué.
Enfin, la troisième raison, c'est que les féministes dans le monde regardent la France, qui serait le premier pays à constitutionnaliser le droit à l'avortement. Cela donnerait une caisse de résonance très importante, cela montrerait que c'est possible.
Est-ce que l'accès à l'avortement n'est pas la vraie priorité pour vous ?
Pour nous, c'est un continuum. L'entrée de l'avortement dans la Constitution, c'est obliger les politiques à protéger ce droit-là.
"Au quotidien, le droit n'est pas menacé mais l'accès est très menacé en France"
Sarah Durocherà franceinfo
Il faudrait continuer à travailler sur la loi Veil par exemple, enlever la clause de conscience du droit à l'avortement et faciliter le parcours des femmes avec un seul rendez-vous pour avorter, au lieu de trois.
N'aurait-il pas été préférable de passer par un référendum, plutôt qu'un projet de loi ?
Nous, on était assez confiantes car la majorité des Français et Françaises sont favorables au droit à l'avortement et son inscription dans la Constitution. Après, on est dans un contexte politique qui fait que c'est compliqué d'amener les Français à voter. Et on sait que les mouvements anti-choix peuvent se mobiliser grandement par rapport à ça, car ils ont des moyens... Des moyens, que nous n'avons pas. Après, un Congrès, c'est plus rapide qu'un référendum, mais il va y avoir un enjeu car lors du vote en Congrès, il faut 555 parlementaires qui votent l'entrée de l'avortement dans la Constitution. Et ce n'est pas gagné !
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