Interruption volontaire de grossesse : une trentaine de personnalités demandent la création d'un congé spécifique dans une tribune
"Nous voulons que nos filles et petites-filles puissent avorter sans honte ni perte de salaire." Une trentaine de personnes, dont des avocates, journalistes et féministes, signent, samedi 29 avril, une tribune publiée sur le site du Journal du dimanche pour appeler à la création d'un congé en cas d'interruption volontaire de grossesse. Parmi les 32 signataires figurent notamment Elise Goldfarb et Julia Layani, créatrices du podcast Coming out, ou le cinéaste Radu Mihaileanu.
Les signataires rappellent que les partenaires sociaux de la branche Syntec (numérique et conseil) ont signé un accord prévoyant un congé de deux jours en cas de fausse couche, et que le groupe Carrefour a accordé trois jours à ses salariées pour le même motif, permettant aux femmes concernées de "ne pas être pénalisées financièrement par la perte de salaire impliquée par la pose d'un arrêt maladie, en déjouant le délai de trois jours de carence non payés".
"L'IVG est encore un peu sous le manteau"
"Mais quid de l'interruption volontaire de grossesse, pour laquelle il n'existe toujours pas de congé dédié ?", s'interrogent les signataires, qui estiment que "dans l'inconscient collectif, près de cinquante ans après sa légalisation, l'IVG résonne encore comme un acte subversif évoquant sexualité débridée ou gestion anarchique de sa fertilité, dans une société qui attend des femmes qu'elles soient organisées et précautionneuses". "Ainsi conçu, le parcours d'IVG conserve un goût d'illicite dans le droit du travail, alors qu'il concerne une femme sur trois", précisent cette trentaine de personnes. Pour elles, "un congé dédié légitimerait et affirmerait ce droit fondamental qui s'exerce, aujourd'hui encore, clandestinement vis-à-vis de la sphère professionnelle".
"Un congé IVG changerait collectivement la manière de percevoir l'IVG, qui est encore un peu sous le manteau", a expliqué dimanche sur franceinfo l'une des signataires, Edmée Citroën, journaliste et communicante. "Aujourd'hui, généralement, quand on avorte c'est le samedi, on se repose le dimanche et on retourne au boulot le lundi. Si on a envie de prolonger un peu pour des raisons psychologiques ou physiologiques, on se débrouille pour avoir un congé maladie, mais on est pénalisée financièrement. C'est pour cela qu'on a fait une tribune pour demander la mise en place d'un congé dédié à l'IVG", résume-t-elle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.