Accès à l'IVG : 82% des femmes ayant eu recours à un avortement reconnaissent que des freins subsistent

Manque de structures, délais d’attente encore trop longs.. Selon ce baromètre du Planning familial, que révèle France Inter, neuf Français sur dix estiment que des freins persistent dans l'accès à l'avortement.
Article rédigé par franceinfo
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L'enquête du Planning familial pointe par exemple le fait qu'une femme sur deux n'a pas obtenu d'arrêt de travail pour pratiquer l'IVG. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Il y a toujours et encore des freins à l'accès à l'interruption volontaire de grossesse. C'est ce qu'estiment neuf Français sur dix (89%), selon le baromètre du Planning familial, publié jeudi 26 septembre, que révèle France Inter. Le nombre d'IVG réalisées en France est en hausse de 3,7% en 2023 par rapport à 2022, selon les chiffres publiés par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) mercredi.

Selon cette enquête du Planning familial, réalisée par l'institut Ifop, 82% des femmes ayant eu recours à un avortement reconnaissent qu'il y a encore des freins à l'accès à l'avortement.

Premier frein concret : le manque de structures et des délais d’attente encore trop longs. Plus de la moitié des femmes interrogées (54%) qui ont avorté dans un établissement de santé ont dû attendre plus de sept jours pour avoir un rendez-vous pour une IVG, au lieu des cinq jours recommandés par l’Organisation mondiale de la santé.

La peur d'être jugé par les professionnels ou l'entourage

Plus d’un quart des femmes ayant eu recours à l'IVG (28%) déclarent également ne pas s'être senties soutenues et accompagnées par leur entourage, famille ou amis. Si près de huit femmes sur dix estiment avoir été bien informées (79%) et bien accompagnées (79%) lors des échanges avec les professionnels de santé avant l’avortement, certaines d’entre elles témoignent d’un sentiment de gêne. Les deux tiers des femmes interrogées ayant eu recours à l'IVG (63%) ont peur d’être jugées ou d’avoir des remarques de la part des professionnels ou de l’entourage.

Selon ce baromètre, un tiers des femmes ayant avorté avant le début de leur 8e semaine affirme ne pas avoir eu le choix de la méthode (31%) et seulement 63% se sont senties à l’aise pour poser toutes leurs questions avant de décider d’avorter ou non. Près de quatre femmes sur dix (38%) interrogées ont ressenti de la pression, que ce soit pour avorter (29%) ou ne pas avorter (31%). L'enquête pointe encore le fait qu'une femme sur deux n'a pas obtenu d'arrêt de travail pour pratiquer l'IVG.

Davantage de difficultés dans les zones rurales et pour les femmes sans-papiers

Dans ce premier baromètre du Planning familial, il apparaît également que les femmes ne sont pas égales face à l’avortement. Celles qui vivent en zones rurales et les immigrées éprouvent davantage de difficulté pour accéder à l’IVG : 57% des femmes ayant recours à un avortement et 58% du grand public constatent que les femmes vivant en zone rurale rencontrent plus de difficultés pour accéder à l’avortement. C'est également le cas pour les femmes immigrées n’ayant pas la nationalité française, sans-papiers ou demandeuses d’asile par exemple (55% des femmes ayant recours à un avortement et 59% pour le grand public le pointent).

À trois mois du 50e anniversaire de la loi Veil, et alors que 85% des personnes interrogées se déclarent très fortement attachées au droit à l’avortement, près d’un tiers des Français (31%) et la moitié des femmes qui ont déjà eu recours à un avortement (51%) craignent une régression de ce droit dans un avenir proche en France, souligne encore ce baromètre.

Mercredi sur franceinfo, la présidente du Planning familial Sarah Durocher s'est interrogée sur les raisons de ces recours à l'IVG, qui sont liées notamment au fait qu'il y ait "très peu d'informations autour de la contraception", rappelant que "cela fait 10 ans qu'il n'y a pas eu de campagne nationale". Selon Sarah Durocher, la hausse du nombre d'avortements est également la conséquence d'un "manque d'accès à la santé", avec des délais parfois très longs pour voir un gynécologue ou une sage-femme sur certains territoires en situation de désert médical.

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