: Vidéo IVG : "Même si ce droit est inscrit dans la Constitution, il faut aussi les moyens financiers, matériels, humains", plaide une gynécologue
Danielle Gaudry, gynécologue-obstétrique, regrette le "long cheminement législatif" que représente l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution. Selon elle, cette inscription ne suffit pas, il faut "une application de la loi".
L'Assemblée nationale s'est largement prononcée en faveur de l'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution, en adoptant en première lecture une proposition de loi de La France insoumise (LFI) soutenue par la majorité, jeudi 24 novembre. Les députés ont adopté par 337 voix (contre 32) un texte de compromis, dans l'espoir d'obtenir l'aval du Sénat, indispensable pour une réforme constitutionnelle. Le texte, dans le cadre d'une modification constitutionnelle, doit ensuite être voté à l'identique par le Sénat.
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"Cela ne suffit jamais, une loi, a estimé Danielle Gaudry, gynécologue-obstétrique, invitée du Talk franceinfo sur Twitch lundi 28 novembre. Il faut une application de la loi et même si c'est inscrit dans la Constitution, il faut aussi les moyens financiers, matériels, humains, des centres... Et il faut aussi informer la population et qu'on parle de l'avortement le plus librement possible, ce qui n'est pas le cas actuellement."
L'épreuve périlleuse du Sénat
Selon la gynécologue, le fait que ce soit une proposition de loi et non pas un projet de loi porté par le gouvernement est une complication pour les militants. "Il y aura un long cheminement législatif, un référendum après, alors qu'un projet de loi porté par Madame Borne serait plus rapide, plus simple", poursuit Danielle Gaudry.
"Le référendum, ce n'est pas le résultat qui nous inquiète, c'est plus la longueur de l'organisation, le coût que ça va représenter."
Danielle Gaudry, gynécologue-obstétriqueà franceinfo
En effet, la révision constitutionnelle n'émane pas du gouvernement mais du Parlement, cela suppose qu'un référendum soit ensuite organisé. C'est cette épreuve-là qui est redoutée par les militants. "Toutes les enquêtes depuis la loi de 1975 a montré que la population était majoritairement pour que cette possibilité d'effectuer une IVG en toute sécurité pour la santé des femmes et de leur avenir se perpétue", rappelle Danielle Gaudry.
Si jamais les sénateurs votaient ce texte, le combat législatif serait loin d'avoir abouti. Dans le cadre d'une proposition de loi, qui émane des parlementaires, le recours au référendum est obligatoire. Or, "l'organisation d'un référendum n'est pas d'actualité", selon une cadre de la majorité. Le procédé serait en plus historique.
"Je pense que tout le monde n'est pas d'accord sur le droit à l'IVG et le fait qu'il y ait un référendum, ça vient justement créer encore plus un débat, estime de son côté Charline Gayault, youtubeuse et sage-femme libérale. On va tous débattre d'un sujet où tout le monde n'a pas forcément l'information. Ce sont souvent les personnes qui sont les plus réfractaires qui vont essayer de crier le plus fort et qui, avec des arguments basés sur rien, sans l'avoir ni vécu dans son corps ni avoir rencontré des personnes qui l'ont vécu, vont avoir des avis extrêmement tranchés."
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