Affaire Cahuzac : quatre mois de rebondissements avant les aveux
C'est le site Mediapart qui est à l'origine de l'affaire Cahuzac. Le 04 décembre 2012, il affirme que Jérôme Cahuzac a possédé jusqu'en 2010 un compte chez UBS à Genève,
qu'il n'a jamais déclaré au fisc. Un compte qui aurait été vidé cette année-là
et dont l'argent aurait été placé à Singapour. Ce compte, d'après le site d'information en ligne, aurait servi à acheter un
appartement de 210 m2.
Immédiatement Jérôme Cahuzac dément les informations de Mediapart, et annonce une plainte pour diffamation. Il avait aussi appelé François Hollande pour l'alerter.
Attaqué, Mediapart se défend et publie dès le lendemain une conversation téléphonique
enregistrée fin 2000. La qualité de cet enregistrement n'est pas exceptionnelle. On y entend une voix d'homme - Jérôme CAhuzac selon Mediapart - qui affirme que cela le "fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS, c'est quand même pas forcément la plus
planquée des banques"...
"Je n'ai jamais eu de compte à l'étranger"
Jérôme Cahuzac réagit aussitôt, assure le Premier ministre de sa bonne foi et et réitère à l'Assemblée nationale ses dénégations : "Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Ni maintenant, ni avant."
Comment cet enregistrement s'est-il retrouvé entre les mains de Mediapart et pourquoi
plus de 10 ans après l'appel ? La source de Mediapart n'est pas connue mais on
sait qui était le destinataire de cet enregistrement. Il s'appelle
Michel Gonelle, il est l'ex-rival politique de Jérôme Cahuzac à Villeneuve-sur-Lot et aujourd'hui avocat de Rémy Garnier. Cet ancien inspecteur
des impôts du Lot-et-Garonne, surnommé Colombo par ses collègues, avait écrit
un mémo en 2008 sur la situation fiscale de Jérôme Cahuzac et les questions qu'elle soulevait
selon lui.
Michel Gonelle qui dit n'avoir parlé qu'à ses proches de cet enregistrement et
l'avoir donné en 2007 au candidat UMP aux législatives face à Jérôme Cahuzac,
l'ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière. Lui dément l'avoir
transmis à Mediapart et affirme l'avoir détruit sans l'écouter...
L'ouverture d'une enquête préliminaire
La justice ouvre le 8 janvier, un mois après les révélations de Mediapart, une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale et confie l'enquête à la
division des investigations financières et fiscales.
Le 19 mars,
elle ouvre une information judiciaire annoncée
dans un long communiqué assez inhabituel du parquet de Paris. On y apprend que trois témoins ont reconnu la voix de Jérôme Cahuzac, et surtout le rapport
du laboratoire de police scientifique transmis lundi au parquet est accablant.
Sans dire à 100% qu'il s'agit de la voix de Jérôme Cahuzac, il indique
que les analyses "renforcent l'hypothèse qu'il soit
le locuteur inconnu" de cette conversation.
Dernier élément à charge, un témoin indique qu'on lui a rapporté que les
sommes versés sur ce présumé compte suisse proviendraient de laboratoires
pharmaceutiques.
Cela confirme ce que Mediapart dit depuis le début estime mardi Edwy Plenel, le
fondateur du site d'informations.
L'aveu sur son blog
Nouveau rebondissement ce 2 avril à la mi-journée. Le Canard enchaîné révèle que l'ancien ministre du Budget a pris rendez-vous avec ses juges pour reconnaître qu'il possédait bien des comptes en Suisse et à Singapour.
La confirmation tombera peu avant 17h avec l'aveu de Jérôme Cahuzac sur son blog. Juste avant sa mise en examen.
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