Affaire Kerviel : l’avocat de la SG se dit "effaré" par les nouvelles révélations
Jerôme Kerviel, l'ancien trader de la Société générale, a été jugé coupable en appel d'avoir fait perdre 5 milliards d'euros à son employeur, en 2008. Mais aujourd'hui Médiapart publie un témoignage, celui de la commandante de police en charge de cette affaire dès 2008, Nathalie Le Roy. Elle assure que la banque ne pouvait pas ne pas être au courant des agissements du trader. Elle l'a dit au juge d'instruction Roger Le Loire, il y a un peu plus d'un mois, début avril. Le juge est chargé d'une enquête pour une possible "escroquerie au jugement".
"C’est exactement le contraire des déclarations qu’elle a enregistrées"
Ce témoignage de la policière étonne grandement les responsables de la banque. Jean Veil est l'avocat de la Société générale. Joint par France Info, il se dit "tout à fait effaré " par ce que madame Nathalie Le Roy aurait dit, "parce que c’est exactement le contraire des déclarations qu’elle a enregistrées lorsque Jérôme Kerviel a été entendu par les services de police ", explique-t-il. "Je vois que les procès-verbaux sont signés par Nathalie Le Roy, puisqu’à l’époque elle était capitaine de police et c’est elle qui entend Jérôme Kerviel quand il avoue avoir agi et avoir agi seul, sans que sa hiérarchie soit au courant de ce qu’il faisait ", poursuit-il.
"Si elle avait voulu entendre les 130.000 salariés de la Société générale, elle aurait pu le faire"
Ce que prétend Nathalie Le Roy c’est que la Société générale a dirigé l’ensemble des témoins et que finalement elle n’avait pas la maîtrise de cette enquête. A cela, l’avocat de la banque répond avoir "le sentiment qu’elle a un peu perdu la mémoire, parce que ça ne correspond pas à ce qu’il s’est passé. Elle demandait à la Société générale de l’aider pour savoir qui était au courant et la Société générale ne faisait que donner les noms des personnes qui étaient susceptibles d’être entendues. Bien-entendu, si elle avait voulu entendre les 130.000 salariés de la Société générale, elle aurait pu le faire ", affirme-t-il.
"Madame Le Roy agissait sous le contrôle des juges"
Nathalie Le Roy dit également avoir eu le sentiment d’avoir été instrumentalisée. Mais là encore Jean Veil pointe du doigt sur ce qu’il qualifie "d’incohérence". "Je ne sais pas très bien ce que le mot veut dire. Ca me paraît incohérent avec les procès-verbaux de synthèse et l’ensemble du dossier. Dans cette affaire, je crois comprendre qu’elle critique le comportement du parquet, mais le parquet agissait parallèlement aux deux juges d’instruction indépendants, madame Desset et monsieur Van Ruymbeke. Aucun de ces deux juges n’est susceptible d’être manipulé. Par conséquent, tout ça me semble tout à fait bizarre ", déclare-t-il.
"Madame Le Roy agissait sous le contrôle des juges, elle est à la disposition des juges d’instruction, au thème eux-mêmes du code de procédure pénale et par conséquent je pense qu’elle se trompe de cible. Je pense qu’il n’y a rien de nouveau dans ce dossier, je suis très surpris par ce qui s’est dit et j’ai le sentiment qu’il s’agit d’une opération médiatique comme on en a connu tout au long de ce dossier ", estime l’avocat de la Société générale.
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