Après le scandale Aristophil, 130 000 manuscrits de personnages historiques mis aux enchères
La vente aux enchères de 130 000 manuscrits de la société Aristophil, mise en liquidation et soupçonnée d'être au coeur d'une escroquerie, débute mercredi à l’Hôtel Drouot, à Paris. Elle s’étalera sur plusieurs années.
C'est du jamais vu : une vente aux enchères exceptionnelle débute mercredi 20 décembre au célèbre Hôtel Drouot à Paris. Le manifeste du surréalisme d'André Breton, une correspondance d'Albert Einstein, une lettre de Gustave Flaubert à Ernest Feydeau, et quelque 130 000 autres manuscrits seront ainsi proposés aux plus offrants lors de ventes étalées sur plusieurs années.
Escroquerie en bande organisée
Aux prémices de cette liquidation sans précédent, le scandale Aristophil, survenu au milieu des années 2000, cette société française a commercialisé des textes écrits de la main de personnages historiques avant d'être placée en liquidation judiciaire en 2015. Le propriétaire d'Aristophil, Gérard Lhéritier, sera mis en examen pour escroquerie en bande organisée et blanchiment de fraude fiscale. À ce jour, 18 000 victimes sont recensées. Commerçants, petits artisans ou retraités : tous avaient cru à une affaire en or, au rendement faramineux. Parmi eux, Geoffrey, qui, en 2013, traverse une période difficile. Ce Parisien et sa femme vendront leur appartement pour investir 180 000 euros dans des manuscrits signés de la main d’Antoine de Saint-Exupéry.
Huit millions d’euros pour un manuscrit d’André Breton
"Le fait de placer 180 000 euros qui promettaient 250 000 à la sortie, m’avait laissé croire que nous pourrions enfin nous sortir d’un mauvais pas", explique Geoffrey. Les épargnants, comme Geoffrey, sont censés se rémunérer avec l'arrivée de nouveaux investisseurs. Las : la société Aristophil surestime la valeur des produits qu'elle propose. Ainsi, le Manifeste du Surréalisme, d’André Breton, est-il vendu à l'époque pour plus de huit millions d'euros, alors qu’il est estimé aujourd'hui à "seulement" 800 000 euros. En 2015, la bulle explose et la société est mise en liquidation judiciaire.
Quelque 18 000 épargnants se retrouvent avec plus de 800 millions d'euros de créances. "Nous connaissons des cas dramatiques de gens qui se retrouvent à la limite de la pauvreté, et même au-delà, après avoir placé les économies d’une vie de travail", précise Jean-Marie Lecompte, président d'une association de victimes. Cette première vente aux enchères est particulièrement attendue : elle devrait permettre aux victimes de se rembourser. Seulement partiellement, toutefois, puisque, cette fois-ci, les œuvres sont toutes estimées à leur juste valeur.
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