Bettencourt : Prévost-Desprez mise en examen
Isabelle Prévost-Desprez, vice-présidente au TGI de Nanterre, a été mise en examen dans le cadre de l'affaire Bettencourt. L'annonce a été faite aujourd'hui par le procureur de la République de Bordeaux, Claude Laplaud. Isabelle Prévost-Desprez avait été entendue lundi à Bordeaux par Philippe Darphin, chargé d'instruire un dossier de violation du secret professionnel visant la magistrate qui était accompagnée de son avocat, Me Lev Forster.
"Au terme d'une déposition de témoin
assisté reçue" lundi par Philippe Darphin, vice-président chargé de
l'instruction au TGI de Bordeaux, Mme Prévost-Desprez, vice-présidente au TGI
de Nanterre, "a reçu notification de sa mise en examen pour violation du secret
professionnel à raison d'indices de transmission à des tiers d'informations
issues d'une procédure pénale alors pendante devant le tribunal correctionnel
de Nanterre dans le cadre de l'affaire Bettencourt", précise le communiqué. "Il est rappelé que Mme Isabelle Prévost-Desprez bénéficie de la présomption d'innocence", souligne le procureur.
Un dossier qui fait suite à une plainte de Liliane Bettencourt
Le domicile d'Isabelle Prévost-Desprez a été perquisitionné en début d'année, et des policiers avaient été envoyés dans son bureau de Nanterre au printemps dernier pour mener des investigations sur son ordinateur. La juge elle-même a porté plainte pour violation du secret professionnel à la suite de la révélation de la perquisition à son domicile.
Le dossier la visant fait suite à une plainte de la milliardaire Liliane Bettencourt, aujourd'hui placée sous tutelle, qui avait été irritée qu'une perquisition menée le 1er septembre 2010 à son domicile à la demande d'Isabelle Prévost-Desprez ait été relatée en détail dans le numéro du Monde publié en début d'après-midi le même jour.
Devant juger le photographe François-Marie Banier pour abus de faiblesse, la juge s'était auto-chargée de mener un supplément d'information. La plainte stipulait que l'article décrivait la perquisition "comme si ses auteurs y avaient assisté" et rapportait que l'un des deux journalistes avait précédemment co-écrit un livre avec Isabelle Prévost-Desprez.
Une tentative de confondre la source des journalistes
Au début de l'affaire, quand l'ensemble du dossier Bettencourt se trouvait encore à Nanterre -- avant d'être transféré à Bordeaux le 17 novembre 2010 -- le procureur de Nanterre Philippe Courroye avait tenté de confondre la source des journalistes en demandant à l'Inspection générale des Services (IGS) de la préfecture de police d'obtenir les relevés de communication téléphoniques des auteurs de l'article. Mais dans un arrêt du 5 mai 2011, confirmé le 6 décembre par la Cour de cassation, la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Bordeaux avait annulé cette enquête qui violait les lois sur la protection des sources des journalistes.
Philippe Courroye avait été mis en examen pour ces faits, ainsi que son adjointe à Nanterre, mais, à l'heure actuelle, ces mises en examen sont annulées, en vertu d'un arrêt du 22 mars 2012 de la Cour d'appel de Paris.
Des déclarations dans le livre Sarko m'a tuer
Isabelle Prévost-Desprez pourrait aussi encourir les foudres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour avoir affirmé, dans le livre Sarko m'a tuer (Stock), connaître deux témoins de remises d'espèces à Nicolas Sarkozy en personne par l'entourage de Liliane Bettencourt, dans le cadre de sa campagne présidentielle. Un de ces témoins a réfuté avoir tenu de tels propos, l'autre reste inconnu.
La juge a été entendue sur ces déclarations, comme témoin, le 20 septembre dernier par le juge Jean-Michel Gentil en charge avec deux collègues féminines de l'ensemble des autres dossiers Bettencourt, notamment l'abus de faiblesse ou le financement illicite de partis politiques. Rien n'a filtré de l'audition.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.