Chambon-sur-Lignon : l'assassin d'Agnès Marin rejugé en appel
C'est un drame qui avait défrayé la chronique, à l'automne 2011. Comment Matthieu, 17 ans au moment des faits, a-t-il pu violer et tuer Agnès Marin, 13 ans, alors qu'il faisait l'objet d'un contrôle judiciaire strict - il avait passé quatre mois en préventive pour viol sur une camarade de 15 ans, Julie, un an plus tôt ?
Le 16 novembre 2011, Agnès Marin, élève en troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé select du Chambon-sur-Lignon, disparaissait après une après-midi libre. Très vite, les soupçons s'étaient resserrés sur Matthieu, un élève de première, portant des griffures au visage. Placé en garde à vue le 17 novembre, le jeune homme, "froid et sans émotion" selon le parquet, a fini par craquer et a conduit les enquêteurs vers un ravin d'une forêt des environs, où gisait le corps carbonisé d'Agnès. Outre les violences sexuelles, l'autopsie dénombrera dix-sept coups de couteau dans le thorax et à la tête.
Perpétuité pour un mineur
En juin 2013, la cour d'assises des mineurs de Haute-Loire était allée au-delà des 30 ans de réclusion réclamés par l'avocat général. Elle l'avait condamné à la perpétuité, ce qui est unique à ce jour pour un mineur, à l'exception de Patrick Dils qui a depuis été acquitté.
D'où cet appel. L'une de ses avocates, Me Isabelle Mimran, s'en expliquait ainsi : "Cette peine n'a pas de sens. Cela signifie qu'on le considère comme un monstre qu'il convient d'éliminer, qu'on a fait d'ores et déjà une croix sur la perspective de ce garçon de se soigner et de s'améliorer" .
Le procès en appel doit se tenir pendant dix jours, devant les assises des mineurs de Riom, dans le Puy-de-Dôme. Il examinera les deux affaires concernant Mathieu, celle de l'assassinat d'Agnès, et du viol de Julie.
La personnalité de l'accusé, son addiction aux stupéfiants et aux jeux vidéo, sera à nouveau au coeur des débats. Tout comme les failles du contrôle judiciaire strict assuré par la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) du Gard. Un pédopsychiatre montpelliérain avait conclu à la non-dangerosité de Matthieu, qui avait été alors jugé apte à intégrer cet internat, pourtant critiqué pour son laxisme. Ses dirigeants ont toujours affirmé n'avoir pas eu connaissance de la nature exacte des faits reprochés à Matthieu.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.