Cinq ans après la fusillade de Carcassonne, le procès des militaires
L'accident était à peine
croyable. En juin 2008, lors d'une journée portes-ouvertes au 3e régiment
de parachutistes d'infanterie et de marine de Carcassonne, un militaire a
ouvert le feu en direction du public. Il est jugé à partir de ce mercredi.
A l'intérieur de son arme,
des balles réelles. Il pensait avoir des balles à "blanc". 16
personnes dont cinq enfants ont été blessées. Le tireur était en train de faire
une démonstration militaire d'opérations d'assauts.
Révocation et démission
Le tireur, Nicolas Vizioz,
est aujourd'hui âgé de 33 ans. Il comparait avec cinq autres prévenus, dont le
chef de régiment. Ils sont accusés de "blessures involontaires".
Les débats devraient durer jusqu'à vendredi.
Nicolas Vizioz a été révoqué de l'armée en décembre
2008, sans droit à pension. Il encourt deux ans d'emprisonnement. Il "assume mais ne
s'explique pas " la présence de munitions de guerre dans son arme, a-t-il
déclaré, estimant qu'il y aurait "beaucoup de choses à dire sur l'institution
militaire " à l'audience.
Ce drame avait eu de lourdes conséquences dans l'armée. Deux jours après la fusillade, le
chef de l'armée de terre avait démissionné.
Nicolas Sarkozy, le président
de l'époque, avait accepté cette démission. Le lendemain de l'accident, il s'était rendu à Carcassonne promettant une "réaction rapide et sévère ".
Responsabilité partagée
La responsabilité de ce drame doit être partagée selon
l'avocat des parties civiles. Les victimes souhaitent "qu'on ne se serve pas de ce
pauvre sergent Vizioz pour éluder tous les manquements graves dans la gestion
des munitions ". Il rajoute : "Ce qu'on craint, (...) c'est que
les anciens militaires ne reportent l'entière responsabilité sur Vizioz, disent
que finalement il s'est trompé avec un chargeur d'une précédente opération, et
éludent totalement le reste ".
Les enquêteurs ont en
effet révélé que les spectateurs n'étaient pas bien placés. Ils étaient dans l'axe
du champ de tir des militaires en démonstration.
Des questions sur la gestion
des munitions
Une autre question est
celle des munitions. Comment des balles réelles ont-elles pu être utilisées ?
En septembre 2008, l'armée a confirmé des dysfonctionnements sur la gestion des
munitions. Selon les procès-verbaux des auditions, les militaires
avaient pris la mauvaise habitude de conserver des balles
réelles, alors qu'ils sont censés rendre les munitions non utilisées après l'entraînement.
De plus, quelque 5.200 munitions de guerres étaient irrégulièrement stockées
dans un local du RPIMa afin de fournir des balles supplémentaires aux soldats
lors des exercices, ce qui permettait de contourner la lourde procédure d'approvisionnement.
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