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Drame de l'amiante: les industriels ont-ils fait pression sur l'Etat?

Martine Aubry est convoquée mi-octobre par une juge d'instruction parisienne au titre des fonctions qu'elle exerçait au ministère du Travail entre 1984 et 1987. Dans cette affaire de l'amiante qui remonte au début des années 80, tout a été trop lentement car les autorités ont été trompées par le Comité permanent amiante, un lobby mis en place par les industriels, qui a toujours minimisé les dangers de ce produit. Et pourtant le caractère cancérigène de cette matière est connu depuis les années 50.
Article rédigé par Bruno Rougier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (Reuters)

A quel point le Comité permanent amiante influençait-il les décisions
du ministère du Travail? C'est la question que se pose semble-t-il la juge
d'instruction.  Le moins que l'on puisse
dire c'est que des liens existaient. Ainsi Jean-Luc Pasquier, l'un des adjoints
de Martine Aubry qui était en charge de l'hygiène et de la sécurité dans les
entreprises au ministère du Travail, siégeait
aussi au Comité permanent amiante. Il a été mis en
examen en mars pour homicides, blessures
involontaires et abstentions délictueuses.

Le premier décret réglementant l'usage de l'amiante en France date de 1977. Et il
faudra attendre 1997 pour qu'il soit interdit. 

Le problème c'est que dans les années 80-90 on trouvait de l'amiante partout
: dans les bâtiments, dans l'automobile, dans la sidérurgie, dans les bateaux.

Par ailleurs 30 à 40 ans peuvent s'écouler entre l'inhalation des fibres
d'amiante et le développement d'un mésothéliome, un cancer virulent du
poumon.

Environ 3 000 personnes décéderaient chaque année en France pour avoir respiré
ces fibres mortelles. Et l'on estime que l'amiante pourrait être à l'origine de 100.000 décès dans
notre pays d'ici à 2025.

Marie-Odile Bertella-Geffroy enquête sur l'action des pouvoirs publics face à
l'amiante dans les années 70-80. En 2005, un rapport sénatorial avait accablé
l'Etat pour sa gestion défaillante du dossier.

L'Etat qui, par exemple, a été condamné en 2000 par le tribunal administratif
de Marseille pour avoir attendu trop longtemps pour transposer une directive
européenne visant à abaisser les seuils de poussière d'amiante dans les
usines.

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