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Ecole en bateau : "J'avais envie de partir mais je n'en avais pas le courage"

Benoît Klam fait partie des enfants qui ont participé à l'expérience de "L'Ecole en bateau", dans les années 1980 et 1990. Après des années de silence, il avait fini par témoigner des viols dont il a été victime par le fondateur de l'association, Léonide Kameneff, condamné en mars à 12 ans de prison. Il raconte tout dans son livre Les perles de lumières, qu'il est venu présenter ce jeudi à l'antenne de France Info.  
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Benoit Klam avait neuf ans lorsqu'il a quitté sa famille en Alsace pour partir en aventure lors de l'expérience "L'Ecole en bateau", un projet d'éducation alternative qui a vu le jour pendant les années 1980 et 1990. A sa tête, Léonide Kameneff, le fondateur de l'association, qui a été en mars condamné à 12 ans de prison pour viol et agressions sexuelles sur cinq enfants. Benoit Klam faisait partie de ces enfants. 

Plus de 20 ans après les faits, il raconte son histoire dans un livre intitulé Les perles de lumière . Questionné par Catherine Pottier sur France Info , il livre son émouvante version des faits. 

"Je n'avais pas peur, mais l'emprise était très forte" (Benoit Klam)

"Ce livre je l'ai écrit avant le procès. Son objectif était de
créer un pont entre le monde et moi-même
", commence par expliquer Benoit Klam, qui n'a brisé le silence que dix ans après les faits. "C 'est le récit de ce foisonnement d'expériences que
j'ai vécues pendant ces années. C'est tellement inimaginable pour qui ne l'a pas vécu, que ça crée un abîme
entre le monde et moi, entre mes proches et moi-même. Extérioriser
tout ce que j'ai vécu, cela m'aide à me relier au monde
". 

Le procès dont il parle, c'est celui qui a eu lieu au début de l'année 2013, et dans lequel Léonide Kameneff a finalement été condamné. Comme son frère aîné François et son frère cadet Martin, Benoit fut l'une des dix parties civiles. Il y a énuméré les masturbations et les fellations qui avaient lieu "lorsque tout le monde dormait ". 

Lorsque lui est posée la question "pourquoi n'êtes-vous pas parti ?", il raconte à quel point tous les autres liens étaient coupés. "Je n'avais pas peur, mais l'emprise était très
forte, et une fois qu'un enfant comme moi arrivait sur le bateau, les ponts étaient coupés avec la famille, avec
le passé, et on devait embrasser une idéologie propre au
bateau, qui faisait qu'il n'y avait que la vie à bord qui n'avait de la
valeur
", raconte-t-il. "L'idée de q uitter le bateau et retourner dans sa famille, c'était... ", conclut-il. 

L'humiliation du cassage psychologique

Benoit Klam explique qu'il n'avait que neuf ans, et qu'il voyait Léonide Kameneff comme un dieu. "Il avait une très forte personnalité, il avait tous réussi à nous embobiner ", dit-il. Il décrit également le peu de contact qu'il avait avec ses parents, qu'il a vus "3 fois un mois en 5 ans ". 

Ensuite, Benoit Klam commence à raconter certaines anecdotes de la vie sur le bateau. Et notamment les épreuves du "cassage psychologique ". "On était tous autour de la table, et les adultes du bord, dont Kameneff, prenaient les enfants un à un et leur disaient
leurs quatre vérités, combien l'enfant en question était nul, ne savait rien
faire. Une humiliation totale. Chacun y passait et ce qui était assez pervers
c'est qu'ils encourageaient les enfants à le faire entre eux",
raconte-t-il. 

Un secret lourd à porter

Benoit Klam décide finalement de partir du bateau. "Ce qui m'a décidé, c'est u ne lettre que m'a envoyée ma mère en me disant qu'il serait
peut-être temps de reprendre ma scolarité. Je me souviens très bien de cette lettre, ça a été comme une bouée de
sauvetage, ça faisait quelques temps que j'étais en porte-à-faux, j'avais envie
de partir mais je n'en avais pas le courage. Ca m'a donné une excuse
", dit-il. 

Puis, il passe dix ans sans parler de cette histoire. "Un secret très lourd à porter ", avance-t-il. "La problématique de la honte, de la culpabiltié ", analyse Benoit Klam, mais aussi l'impression d'avoir été, à l'époque, "conditionné à croire que j'étais un adulte, volontaire et partie prenante, et donc responsable, alors que je n'étais qu'un enfant ". 

"Aujourd'hui, je le vis assez bien ", conclut-il. "C'est un passé qui
restera avec moi pour le restant de mes jours mais le fait d'avoir revisité
tout ce vécu au moment d'écrire ce livre, de l'avoir exprimé
publiquement lors des Assises et qu'ils aient été reconnus coupables, cela fait du bien
". 

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