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Fessenheim : les anti-nucléaires portent plainte contre EDF

Cinq associations anti-nucléaires ont décidé de porter plainte contre EDF après l’incident survenu dans la centrale alsacienne de Fessenheim, en février dernier. Elles accusent l’opérateur d’avoir mal géré une fuite et menti à l'Autorité de sûreté nucléaire.
Article rédigé par franceinfo
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  (La centrale de Fessenheim, la plus vieille encore en activité en France. © MaxPPP)

Plusieurs associations antinucléaires ont annoncé mardi porter plainte auprès du parquet de Colmar contre EDF et l’ancien directeur de la centrale de Fessenheim dans le Bas-Rhin. Cinq associations, dont le réseau "Sortir du nucléaire" et "Stop Fessenheim" les accusent d’avoir "largement minimisé" et déclaré "hors délai" la fuite constatée à l’intérieur de l’installation le 28 février dernier. Cet incident avait entraîné l’arrêt complet de la centrale pendant une semaine.

A l'époque, l’Autorité de sûreté nucléaire, l’ASN, est mise au courant de l’incident trois jours plus tard. C’est beaucoup trop tard, estiment les plaignants. Pour eux, EDF et Thierry Rosso, le directeur de la centrale de Fessenheim, ont manqué à leur obligation légale de rapporter "sans délai" ce type d’incidents. Plus grave, ils les accusent également d’avoir "menti" à l’ASN.

Selon un communiqué publié par les associations, il ne s’agit pas d’un "défaut d’étanchéité", comme le déclarait EDF à l’époque, mais d’une "rupture de tuyauterie" qui a entraîné une fuite de 100 mètres cubes d'eau dans la salle des machine. Dernier grief de la plainte, la remise en service de l'un des deux réacteurs le 5 mars, une semaine après l’incident, malgré la promesse faite à l’ASN d’attendre plusieurs semaines, le temps de connaître l’origine du problème. Le jour-même, le tuyau cédait de nouveau, en présence des inspecteurs de l’ASN.

"Le but de notre plainte n'est pas de susciter le buzz, mais bien de faire sanctionner l'exploitant ", a souligné Marie Frachisse, coordinatrice des questions juridiques pour le réseau "Sortir du nucléaire". Cette association a déjà fait condamner EDF cinq fois pour divers incidents survenus dans des centrales nucléaires. 

L’ASN elle-même "pas contente"

L’Autorité de sûreté nucléaire elle-même parle d’une "communication décalée (de la centrale) par rapport à la réalité" . Son président, Pierre-Franck Chevet, était mercredi, devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Il a fait part à cette occasion de sa surprise devant la façon dont l’exploitant de la centrale a pris en charge l’incident.

"C'est en les rappelant et en discutant sur ce qui était arrivé qu'on a compris qu'il se passait quelque chose. (…) Plus important encore, ce qui m'a frappé, c'est l'empressement (d'EDF) à vouloir redémarrer vite sans vérifier tout ce qu'il y avait à vérifier."

Le directeur de l’ASN a fait part de son inquiétude, pas tant sur l’incident, "de niveau zéro " que sur "ce qu’il révèle en terme de comportement ". L’ASN pourrait, si elle estime qu’EDF a commis une infraction, adresser un procès-verbal au Procureur de la République.

 

La centrale de Fessenheim est la plus vieille centrale encore en activité du pays. Sa fermeture devrait survenir "à l’horizon de la fin du quinquennat ", a réaffirmé le mois dernier François Hollande.

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