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Double meurtre de Montigny-lès-Metz : "Francis Heaulme aurait souhaité que Henri Leclaire soit dans le box avec lui"

Liliane Glock, l'avocate du "routard du crime", réagit pour francetv info à la décision de la chambre de l'instruction de ne pas renvoyer Henri Leclaire devant la justice.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Francis Heaulme, le 22 novembre 2004, à Nancy (Meurthe-et-Moselle).  (MAXPPP)

Trente ans et quatre procès après les faits, Francis Heaulme sera finalement jugé seul pour le double crime de Montigny-lès-Metz. Saisie en appel, la chambre de l'instruction a décidé, jeudi 7 juillet, de ne pas renvoyer devant la justice Henri Leclaire, un homme dont le nom apparaît depuis le début dans l'affaire.

Cet ex-manutentionnaire est le premier homme à s'être accusé du meurtre des petits Cyril Beining et Alexandre Beckrich le dimanche 28 septembre 1986. Mais il s'est rétracté peu de temps après ses aveux et, depuis, il nie en bloc. Mais Francis Heaulme, le "routard du crime", l'accuse depuis l'acquittement définitif de Patrick Dils en 2002 lors d'un procès en révision, qui annulait sa double condamnation dans cette affaire.

Mis en examen en 2006, Francis Heaulme a reconnu sa présence sur les lieux du meurtre qui porte, selon les enquêteurs, sa "quasi signature criminelle". Il a comparu devant les assises de la Moselle au printemps 2014. Mais le procès avait été renvoyé au bout de deux jours, de nouveaux témoignages incriminant Henri Leclaire, cité comme simple témoin. L'avocate de Francis Heaulme, Liliane Glock, réagit pour francetv info à cet énième rebondissement. 

Francetv info : Craignez-vous une redite du procès avorté de 2014 ?

Liliane Glock : Les mêmes causes devraient produire les mêmes effets. Il y a quand même de grandes chances qu'Henri Leclaire soit de nouveau là comme témoin. Il est mis en cause dans de telles conditions qu'il est forcément suspect. La justice devrait lui donner l'occasion de se blanchir.

Quelle est la position de Francis Heaulme, qui persiste à nier ce double crime ?

Je l'ai au téléphone une fois par semaine et je peux vous dire qu'il ne va pas être content de cette décision. Il aurait souhaité qu'Henri Leclaire soit dans le box avec lui. Ce dernier a été mis en examen en 2014 puis renvoyé devant les assises, contre l'avis du parquet. Son avocat a fait appel et finalement le voilà de nouveau mis hors de cause. Cette procédure viole les droits de la défense de Francis Heaulme. Je n'y ai jamais eu accès alors que cela aurait pu dédouaner mon client. 

Il a fallu attendre deux ans pour savoir si Henri Leclaire serait jugé. La justice n'a-t-elle pas perdu beaucoup trop de temps dans cette affaire ? 

C'est le moins que l'on puisse dire. Cette année, cela fait trente ans que les petits Cyril Beining et Alexandre Beckrich ont été tués. Si le procès a lieu l'année prochaine, cela fera plus de trente ans ! On marche sur la tête.

Peut-on encore espérer une manifestation de la vérité après un délai aussi long ? 

La justice veut à tout prix continuer mais elle a détruit les scellés, juste après la dernière demande de révision de Patrick Dils. Là aussi, il y a une logique qui m'échappe. Pour justifier ses erreurs, on les perpétue. 

Francis Heaulme a déjà été condamné sept fois pour neuf meurtres, dont deux fois à la perpétuité. Ce procès représente-t-il pour lui un réel enjeu ?

C'est la dernière affaire pour laquelle il doit être jugé. Francis Heaulme est le bouc-émissaire idéal. Le rôle de ses complices présumés a toujours été sous-estimé. Mais l'enjeu, il est surtout pour la justice messine. Ce qui va être examiné à la loupe, c'est son fonctionnement et ses revirements dans ce dossier. Je me demande si je ne vais pas demander la délocalisation du futur procès pour la sérénité des débats. 

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