Grande-Bretagne : l'enquête sur la mort d'Alexandre Litvinenko abandonnée ?
C'est "un grave sujet de préoccupation " pour Robert Owen. Le "coroner", le magistrat responsable des investigations, dénonce depuis vendredi dernier une obstruction délibérée, qui ne permettrait pas de mener une enquête "complète " et "juste sur les circonstances de la mort " d'Alexandre Litvinenko.
Selon lui, le gouvernement britannique lui a demandé de ne pas utiliser publiquement certains documents secrets, ayant trait à la mort d'Alexandre Litivinenko. En novembre 2006, cet ex-agent du FSB, les services secrets russes, avait été empoisonné après avoir bu un thé au polonium, une substance radioactive, pris en compagnie d'un agent secret russe, Andreï Lougovoï. Or, sa veuve affirme qu'il était devenu membre des services secrets britanniques à l'époque. Et ce même Andreï Lougovoï est aujourd'hui député en Russie ; il ne souhaite plus participer à l'enquête.
En Grande-Bretagne, le magistrat chargé de l'enquête doit lors d'une première phase dévoiler les éléments accumulés au grand jour. Et c'est justement ce qu'a voulu éviter le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, au nom de la sécurité nationale.
La veuve de la victime "consternée "
Robert Owen propose du coup une alternative : l'examen à huis clos des documents confidentiels. Mais la veuve d'Alexandre Litvinenko, Marina, qui se bat depuis plusieurs années pour que le rôle du Kremlin soit mis au jour dans cette affaire, et a lancé une fondation pour cela, s'est dite "consternée " par ces déclarations.
"C'est un jour très triste, une tragédie pour la justice britannique qui était jusqu'à présent respectée à travers le monde, et un précédent effrayant pour tous ceux qui ont essayé si fort de révéler les crimes commis par une conspiration de criminels organisés qui opérent à l'intérieur du Kremlin" (Marina Litvinenko)
Les avocats de la veuve de Litvinenko ont désormais deux semaines pour contester la décision du magistrat. Mais ce n'est pas la première fois que la collusion entre Moscou et Londres est pointée du doigt dans cette affaire. Il y a quelques mois, les avocats avaient accusé le Royaume-Uni de garder secrètes des informations afin de ne pas mettre en danger des accords commerciaux avec la Russie. La presse britannique insiste également sur une rencontre entre Vladimir Poutine et David Cameron le 10 mai dernier, lors de laquelle les deux dirigeants s'étaient montrés très flatteurs l'un envers l'autre.
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