Israël : "Si la justice et la police s’intéressent à Benyamin Nétanyahou, c’est qu'ils ont des billes"

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a été entendu par la police, lundi 2 janvier, pendant près de trois heures pour une affaire de corruption présumée. Il est soupçonné d'avoir reçu des "cadeaux illégaux" de la part d'hommes d'affaires. Il y a en aurait plus plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Frédéric Encel, docteur en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris et spécialiste d’Israël, a estimé mardi sur franceinfo que "la justice israélienne ne plaisantait pas" avec ce type d'affaire.

Cette affaire autour de Benyamin Nétanyahou est-elle grave, selon vous ?

Elle est même gravissime. Dès 1977, l’épouse de Yitzhak Rabin avait oublié de fermer un compte en banque et cela avait fait chuter le Premier ministre, ainsi que les travaillistes. En Israël, la justice ne plaisante pas avec les affaires de corruption, ni avec les affaires de mœurs. Des Premiers ministres, des chefs d’état-major, des présidents sont déjà tombés. Il y a un risque pour Benyamin Nétanyahou.

L’affaire est lancée par le procureur général Avichai Mandelblit, nommé par Benyamin Nétanyahou. Est-ce une preuve d’indépendance de la justice israélienne ?

La justice israélienne est absolument indépendante du pouvoir exécutif et les médias sont libres. La presse est très lue, c’est pour cela que les affaires comme celles-là font immédiatement les gros titres. Des dizaines de témoignages de la classe politique, d’intellectuels ou de simples citoyens ont été recueillis. C’est la quatrième fois que Benyamin Nétanyahou et son épouse sont visés, mais c'est la première que cela aboutit à une véritable enquête.

Y a-t-il une tentative de déstabiliser Benyamin Nétanyahou ?

Je n’en suis pas certain. La gauche est trop faible pour se lancer dans une telle tentative, notamment le Parti travailliste. On voit mal pourquoi il y aurait aujourd'hui cette tentative de le faire chuter alors qu’il n’y a pas d’échéance électorale. Je pense réellement que si la justice et la police s’intéressent à Benyamin Nétanyahou, c’est qu'ils ont des billes.