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Justice : deux ténors du barreau sur le banc des accusés pour "complicité de tentative d'escroquerie au jugement"

Deux avocats chevronnés comparaissent lundi 23 janvier devant le tribunal correctionnel. Il leur est reproché d'avoir produit de faux documents devant une cour d'assises en 2018
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les avocats Xavier Nogueras (à gauche) et Joseph Cohen-Sabban (YOAN VALAT/EPA/NEWSCOM/MAXPPP et XAVIER DE TORRES/MAXPPP)

L'image est assez rare : deux ténors du barreau de Paris à la barre du tribunal correctionnel. Il s'agit de Xavier Nogueras et Joseph Cohen Sabban, à qui il est reproché d'avoir produit de faux documents devant une cour d'assises en 2018 afin d'innocenter leur client, en l'occurrence Robert Dawes, un narcotrafiquant britannique. Les deux avocats doivent répondre de "complicité de tentative d'escroquerie au jugement" et de "violation du secret professionnel". En somme, ils sont soupçonnés d'avoir aidé leur client à manipuler les juges.  

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Retour en arrière : fin 2018, le baron de la drogue Robert Dawes comparaît aux assises pour l'importation d'1,3 tonne de cocaïne en provenance de Caracas. Un des lieutenants de Dawes fournit aux avocats de ce dernier une ordonnance, signée d'un juge espagnol, qui présente comme illégale une écoute téléphonique majeure du dossier dans laquelle le narcotrafiquant reconnaît sa responsabilité. Me Cohen Sabban et Me Nogueras pensent avoir là de quoi le faire acquitter. Mais coup de tonnerre à l'audience : l'avocate générale a contacté la justice espagnole et révèle que ce document est un faux. Les deux avocats disent avoir été sonnés, ne l'avoir jamais su avant.

Leurs avocats plaideront la bonne foi

Les deux avocats sont défendus par d'autres ténors, et soutenus par de nombreux confrères, à l'image de Me Violleau, collaboratrice Me Cohen Sabban à l'époque des faits : "Il est extrêmement respecté des magistrats, il donnait des cours à l'École nationale de la magistrature, et au sein de son cabinet, il nous inculquait dès le départ le respect des règles. Lorsqu'on voit les moyens qui ont été déployés, quand ils sont venus perquisitionner les cabinets des uns et des autres, quand on voit le traitement réservé à certains avocats par l'autorité policière et une part de l'autorité judiciaire, on se demande quel sera l'avenir de nos métiers. C'est pour cela que j'espère que leur innocence sera clamée haut et fort."

Dans l'ordonnance de renvoi devant le tribunal, on peut lire : "Aucun élément ne permet d'établir avec certitude que les avocats savaient que le document qu'ils ont produit avait été falsifié." Mais les juges estiment qu'ayant vu précédemment la capacité de leur client à truquer des dossiers, ils auraient dû envisager qu'il ait pu produire un faux, et donc vérifier. Joseph Cohen Sabban, 69 ans dont 45 ans de carrière, n'entend pas raccrocher la robe avant d'avoir été blanchi dans ce dossier.

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