La fausse psychologue avait réalisé 400 expertises judiciaires
Quand on n'a qu'un choix limité, on ne fait pas forcément la fine bouche. Et au début des années 2000, c'était bien simple : les tribunaux de Périgueux et Bergerac n'avaient à leur disposition que trois ou quatre psychologues agréés. L'une d'eux se montrait particulièrement disponible, y compris pour venir en urgence lors de gardes à vue. Devenue l'experte préférée des procureurs et juges d'instruction, on lui doit les deux tiers des expertises réalisées à l'époque.
Jusqu'au jour où son mari, en pleine procédure de divorce, dévoile la vérité : l'experte-psychologue a tout appris sur le tas, elle n'a aucun réel diplôme. "Les enquêtes qu'elle réalisait étaient cohérentes, on avait le sentiment que c'était réalisé par quelqu'un de compétent" , explique son avocat. "En fait, elle n'avait qu'un diplôme de sténo-dactylo."
Aucune vérification réelle des diplômes
La fausse psychologue avait pourtant présenté des diplômes, lors de contrôles réalisés par la cour d'appel de Bordeaux. Mais personne n'a jamais contacté directement l'université de Toulouse Le Mirail, censée les avoir délivrés, pour établir leur authenticité. Et les magistrats eux-mêmes n'ont rien soupçonné. Les expertises réalisées en amateur ont donc servi pour des infractions bénignes comme pour des affaires jugées en cour d'assises.
Aujourd'hui une quarantaine de personnes "expertisées" et le Syndicat des psychologues réclament des indemnités. La justice en revanche n'a cassé aucun des jugements concernés (plus de 400 expertises au total). Mais dans toutes les dossiers en attente de jugement, les procureurs ont demandé de nouvelles expertises... diplômées, cette fois.
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