La justice se penche sur les faux souvenirs induits
La méthode est redoutable. En quelques séances, parfois dès
la première, le pseudo-thérapeute arrive à couper son patient de sa famille et
de ses amis. Les victimes sont dans la majorité des cas des jeunes femmes. Le praticien
leur fait croire que si elles souffrent d’un mal-être c’est qu’elles ont été victimes d’un traumatisme
durant leur petite enfance et qu’une thérapie pourra les aider à retrouver leurs
souvenirs.
Peu à peu le souvenir d’une maltraitance – inexistante – est
instillé dans l’esprit de la victime. "A partir de ce moment là le thérapeute travaille
comme un gourou" , explique Claude Delpech qui préside l’association des
victimes des faux souvenirs induits.
Deux victimes seront sur le banc des plaignants. Bernard a
suivi 22 ans de thérapies et dépensé 750.000 euros. Son ex-femme est toujours
sous l’influence du praticien-gourou jugé par le tribunal correctionnel de
Paris.
Stéphanie de son côté a laissé 230.000 euros et dix ans de
sa vie dans ce qu’elle appelle "une secte" . Elle se souvient très bien de comment elle a fini par couper les ponts avec sa famille :
"Quand je
sortais de cession, il me disait qu’on avait vécu des choses importantes que j’étais
un peu fragilisé et qu’il fallait attendre avant de reprendre contact avec mes
parents, ma famille, ma sœur, mes amis d’avant etc."
Stéphanie se rappelle aussi de l’influence que le thérapeute
exerçait sur elle. Des séances facturées plus de 300 euros, des stages de
quelques jours à 75.000 euros. Des rapports qu’elle a été obligée de
rédiger. Elle a ainsi écrit 3.444 pages
de compte-rendu qu’elle a noircies jours et nuits pour son thérapeute. Il lui
facturait 50 euros la page et 50 euros par faute d’orthographe.
Bernard et Stéphanie espèrent que ce procès servira d’exemple pour d’autres
victimes de ces pseudos-thérapeutes. Ils seraient près de 5.000 à exercer en France.
Que d’autres patients sous la coupe de ces charlatans trouveront la force de
claquer la porte.
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