Laurent Gabgbo devant la CPI : "Toute ma vie, j'ai lutté pour la démocratie"
C'était jeudi la dernière chance de Laurent Gbagbo, au terme de l'audience de confirmation des charges débutée le 19 février dernier. L'ancien président ivoirien, arrêté le 11 avril 2011 dans son palais d'Abidjan grâce à l'appui de la France, a tenté de convaincre les juges de la Cour pénale internationale de ne pas le poursuivre pour crimes contre l'humanité. On ne l'avait pas entendu depuis sa comparution immédiate en décembre 2011.
Gbagbo se décrit comme un homme de paix
Dans la salle d'audience de la CPI à La Haye, l'ancien président, âgé de 67 ans, s'est longuement exprimé, assurant que "toute (sa) vie, (il a) lutté pour la démocratie" . Derrière une vitrine insonorisée, dans la galerie du public, il jette de nombreux coups d'oeil à ses partisans réunis pour l'occasion.
"Je n'ai jamais cru que la Côte d'Ivoire allait s'en sortir par la guerre, je n'ai jamais cru ça, j'ai toujours cru qu'on s'en sortirait par la discussion." (Laurent Gbagbo
L'ancien président est accusé d'avoir monté un plan, comprenant meurtres et viols, pour rester au pouvoir après la victoire lors de l'élection présidentielle de 2010 de son rival Alassane Ouattara, certifiée par l'ONU. Laurent Gbagbo est le premier chef d'Etat remis à la CPI ; il est soupçonné d'être "co-auteur indirect" de quatre chefs de crimes contre l'humanité.
Des charges très lourdes
La charge lancée par l'accusation est très lourde. Selon Eric McDonald, du bureau du procureur, les attaques commises par les partisans de Laurent Gbagbo entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011 "revêtaient un caractère généralisé et systématique [...] contre des communautés ethniques ou religieuses spécifiques" . Citée en exemple, la répression sanglante d'une marche de l'opposition sur la Radio Télévision ivoirienne en décembre 2010, ou encore le bombardement d'un marché près d'Abidjan.
Pendant la crise de quatre mois qui avait suivi l'élection présidentielle contestée, près de 3.000 personnes avaient été tués.
"Un procès politique"
L'avocat, français, Emmanuel Altit, qui défend Laurent Gbagbo, en est persuadé : l'accusation reprend "les formules utilisées par Ouattara pendant la crise pour sensibiliser la communauté internationale à l'injustice qui lui était supposément faite" . Pour lui, le procès est "politique" , et les juges ne doivent pas confirmer les charges car "c'est le seul moyen d'oeuvrer à une réconciliation nationale en Côte d'Ivoire" .
Arrêtée en compagnie de son mari le 11 avril 2011, Simone Gbagbo est elle toujours retenue en Côte d'Ivoire, mais elle aussi sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI.
La décision des juges de poursuivre ou non Laurent Gbagbo sera connue au minimum au mois de mai prochain.
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