Cet article date de plus de douze ans.

Martine Aubry rattrapée par l'affaire de l'amiante

L'ex-première secrétaire du PS va être convoquée par la justice en sa qualité de directrice des relations du travail de 1984 à 1987 au ministère du Travail. Elle pourrait être mise en examen comme l'a été en mars dernier l'un de ses adjoints, Jean-Luc Pasquier. Selon son entourage, Martine Aubry "apportera tout son concours à l'enquête judiciaire."
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Pascal Rossignol Reuters)

La juge d'instruction du pôle de santé public Marie-Odile Bertella-Geffroy, qui est à l'origine de cette convocation de Martine Aubry, s'intéresse à l'action des pouvoirs publics face à l'amiante dans les années 70-80. Martine Aubry a été convoquée pour la mi-octobre en vue d'une éventuelle mise en examen en sa qualité de directrice des relations du travail de 1984 à 1987 au ministère du Travail. Elle pourrait être mise en examen comme l'a été en mars dernier l'un de ses adjoints, Jean-Luc Pasquier. Celui-ci avait été mis en examen pour "homicides, blessures involontaires et abstentions délictueuses." 

Depuis 2009, des dizaines de hauts fonctionnaires, dont Martine Aubry, ont été entendus comme témoins dans cette affaire. A l'époque, elle avait déclaré lors de son audition que "comme tous ceux qui travaillaient avec moi, j'avais la
conviction que le décret de 1977 puis celui de 1987 nous permettaient de
protéger efficacement la  santé des salariés
".

Le dossier pénal de l'amiante relancé en juin dernier

Fin 2009, Marie-Odile Bertella-Geffroy a mis en examen pour "blessures et homicides involontaires" Joseph Cuvelier, directeur d'Eternit, société de fibre-ciment entre 1972 et 1994. Elle avait ensuite mis en examen les dirigeants des cinq sites d'Eternit en France.

En juin dernier, la chambre criminelle de la Cour de cassation avait décidé de relancer le dossier pénal de l'amiante en cassant l'arrêt de la cour appel de Paris, qui annulait les mises en examen des six dirigeants d'Eternit. La juge avait pu reprendre cette instruction vieille de seize ans au début de l'été.

Martine Aubry "apportera tout son concours à l'enquête judiciaire"

La juge Bertella-Geffroy souhaite entendre Martine Aubry "comme
elle l'a déjà fait pour de nombreux fonctionnaires et hauts
fonctionnaires des ministères de la Santé et de l'Industrie, ayant
exercé leurs fonctions dans les années 70 à 90
", a-t-on confirmé dans l'entourage de la maire de Lille. Toutefois, selon le Point, Martine Aubry aurait demandé un report de sa convocation, invoquant "un problème d'agenda".

Toujours, selon son entourage, Martine Aubry "apportera
évidemment tout son concours à l'enquête judiciaire, comme elle l'a
fait lors de ses auditions par les missions d'information du Sénat et de
l'Assemblée nationale." 
Car elle "souhaite que la justice
comprenne ce qui s'est passé pour les victimes et leurs familles, et
pour éviter qu'une telle tragédie ne
se reproduise à l'avenir".

Alors
que le caractère cancérogène de l'amiante est connu depuis les années
50, le premier décret réglementant son usage ne date que de 1977 et son
interdiction de 1997. En 2005, un rapport sénatorial avait accablé l'Etat pour sa "gestion défaillante " de l'amiante.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.