Narcotrafic : "On privilégie la justice pénale, qui est une justice médiatique, mais on oublie la justice du quotidien", regrette le bâtonnier de Marseille

Me Mathieu Jacquier regrette des effets de communication au lieu de solutions vraiment efficaces.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le tribunal de Paris (photo d'illustration) (STEFANO RELLANDINI / AFP)

"Ça fait trop d'années que l'on privilégie la justice pénale, qui est une justice médiatique, qui est une justice qui fait parler, qui fait écrire, mais qu'on oublie la justice du quotidien, la justice des Français et notamment la justice aux affaires familiales", regrette Me Mathieu Jacquier, le bâtonnier de Marseille, invité vendredi 8 novembre sur France Bleu Provence. 

Les ministres de l'Intérieur et de la Justice dévoilent leurs mesures à Marseille en fin de matinée pour lutter contre le narcotrafic. Mais l'avocat a écrit une lettre ouverte dans laquelle il alerte le ministre de la Justice, Didier Migaud, sur une situation qu'il juge préoccupante : celle des procédures devant le juge aux affaires familiales qui ont des délais anormalement longs.

Pourtant, les affaires familiales "touchent à des situations dramatiques puisque les violences intrafamiliales sont bien évidemment une des priorités des gouvernements depuis des années. Mais aujourd'hui, on se rend compte que c'est un des parents pauvres de la justice", poursuit-il.

S'il ne renie pas la lutte contre le narcotrafic, le bâtonnier estime que "quand vous êtes un ministre de la Justice, quand vous êtes un Etat comme l'Etat français, vous devez mener tous les combats". Selon lui, "vous ne pouvez pas mener le combat du narcotrafic sans vous préoccuper du reste de la justice française. Ça tient du lien des Français vis-à-vis de la République, vis-à-vis de la démocratie."

Des délais de traitement des affaires extrêmement longs 

Me Mathieu Jacquier a réalisé le test jeudi avec la commission droit de la famille pour calculer les délais de traitement des affaires. Pour prendre une première date pour une audience, où seront simplement réglées "les mesures provisoires", il faut "neuf mois". "La première date utile qui a été proposée par le tribunal pour une affaire, c'était le 30 juin." 

Pour une affaire "où vous n'êtes pas mariés, vous êtes séparés avec votre compagne, vous ne pouvez pas avoir votre enfant, votre ex-conjoint vous l'interdit, c'est autour du 15 juillet, dix mois, c'est donc dramatique", décrit l'avocat.

Selon le bâtonnier, "c'est tout un pan de la justice, notamment à Marseille, qui est en difficulté". La justice civile à Marseille "est en grande souffrance", et "pas que le juge aux affaires familiales", mais "c'est l'aspect le plus symbolique de la justice civile qui est touché et qui est dramatiquement touché : les familles", conclut Me Jacquier

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