"Olivier Metzner était un énorme et redoutable praticien du droit"
Le chroniqueur judiciaire de France 2, Dominique Verdeilhan, voit dans l'avocat retrouvé mort "un hyper méticuleux" qui avait le souci du détail.
Depuis plus de 20 ans, le chroniqueur judiciaire de France 2, Dominique Verdeilhan, connaissait l'avocat Olivier Metzner, retrouvé mort dimanche en Bretagne. Il l'a croisé dans le cadre de tous les grands dossiers judiciaires impliquant des politiques ou des chefs d'entreprise du plus haut niveau. Pour francetv info, il dresse le portrait de ce que l'on appelle un ténor du barreau.
Les circonstances du décès de l'avocat Olivier Metzner sont encore mal connues. Quelle est votre première réaction à l'annonce de cette disparition ?
Je ne sais pas si les raisons de ce qui semble être un suicide sont à trouver dans les dossiers traités par cet avocat ou dans son état de santé. De fait, depuis un certain temps déjà, Olivier Metzner apparaissait diminué. Il se déplaçait difficilement. Il toussait fortement. Nous le savions amateur inconditionnel de cigares qu'il fumait en toutes circonstances, aussi bien dans les palais de justice que dans les restaurants. C'était un homme qui aimait la bonne chair mais par-dessus tout, il adorait son métier. Je dirais même qu'il lui sacrifiait à peu près tout.
Précisément, quel fut son parcours professionnel ? Il était l'une des grandes voix du barreau ?
Plus que cela. Metzner était l'avocat incontournable ! Il a été de tous les grands dossiers judiciaires de ces vingt dernières années. Les affaires Kerviel, Clearstream, Bertand Cantat, Elf, Françoise Bettencourt-Meyers, le crash du Concorde, l'hormone de croissance... Vous voyez bien que les politiques, chefs d'entreprise ou citoyens plongés dans des dossiers de grand retentissement, tous faisaient appel à lui. Son cabinet de la rue Saint Dominique ne désemplissait pas.
Pourquoi un tel succès ?
Parce que ses clients savaient qu'ils avaient devant eux un énorme et redoutable praticien du droit. C'était un hyper méticuleux qui cherchait toujours – passez moi l'expression – la petite bête.
Olivier Metzner n'était pas d'une grande éloquence dans les prétoires. Il était même parfois raillé pour cela. En revanche, c'était un expert pour chercher le détail de procédure qui clochait, l'enchaînement de faits qui était incohérent. Il s'immergeait littéralement dans les dossiers avec ses collaborateurs. Quand vous vous adressiez à lui, vous aviez la garantie de ce travail hyper sérieux.
Quel était le moteur de cette implication totale ? Qu'est ce qui le faisait aller de l'avant ?
Son origine sociale. Il était d'extraction rurale, comme on dit. En Normandie, très jeune il avait décidé qu'il serait avocat coûte que coûte. Et chaque succès était pour lui comme une jouissance au regard de son histoire personnelle.
En ce qui me concerne, je garderai le souvenir d'un stupéfiant praticien du droit qui savait que les médias pouvaient constituer un appui. Mais que ce soit clair, il le faisait sans piéger le journaliste. C'était réglo. Il était d'une remarquable disponibilité aussi bien pour donner des informations que pour expliquer. Son sens de la pédagogie était bien réel. L'homme était fidèle. Et j'oserais dire qu'on pouvait nouer avec lui une véritable amitié professionnelle, en faisant en sorte que chacun reste à sa place.
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