Bettencourt : que reproche-t-on à la juge Prévost-Desprez ?
Une perquisition a eu lieu mercredi chez la magistrate. Menacée de sanctions disciplinaires, elle est visée par une information judiciaire pour "violation du secret professionnel" en marge de l'affaire Bettencourt.
Une perquisition a été menée par la "police des polices", mercredi 25 janvier, au domicile de la juge Isabelle Prévost-Desprez, selon des sources proches de l'enquête. Que reproche-t-on à cette magistrate, qui instruisait une affaire d'abus de faiblesse supposé contre Liliane Bettencourt ?
"Violation du secret professionnel"
Une information judiciaire contre X pour "violation du secret professionnel" avait été ouverte en octobre 2010, à la suite d'une plainte de Liliane Bettencourt relative à la publicité donnée à une perquisition menée à son domicile
Elle suivait l'annonce par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, d'une enquête sur des fuites dans la presse susceptibles de conduire au dessaisissement de la juge Isabelle Prévost-Desprez, avec qui il entretient des relations conflictuelles.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux avait annulé, en mai 2011, les pièces saisies l'an dernier par le parquet de Nanterre dans cette procédure. Les juges bordelais reprennent donc l'enquête depuis le début, ce qui explique la perquisition de mercredi, selon une source proche de l'enquête.
"En tout état de cause, Mme Prévost-Desprez n'a rien à cacher et si on avait demandé qu'elle apporte ce que l'on souhaitait, elle l'aurait apporté sans difficulté", a expliqué son avocat, Léon Lev Forster.
Manquement aux obligations de "prudence, réserve et impartialité"
Isabelle Prévost-Desprez est également menacée d'une procédure disciplinaire pour avoir tenu des propos mettant en cause Nicolas Sarkozy dans le livre Sarko m'a tuer (Stock, 2011), écrit par les journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet. Elle y raconte notamment qu'un témoin lui a indiqué, hors procès-verbal, avoir vu Nicolas Sarkozy récupérer des enveloppes d'argent liquide chez Liliane Bettencourt.
Le ministre de la Justice, Michel Mercier, a décidé mercredi 18 janvier de renvoyer la juge devant la formation disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Il lui est reproché d'avoir "manqué à son devoir de réserve, à l'obligation de prudence et aux devoirs d'impartialité et de délicatesse". Un rapport de sa hiérarchie est attendu d'ici février.
Mardi 24 janvier, une motion de soutien à la juge, appuyée par les deux principaux syndicats de magistrats français, a été votée au tribunal de Nanterre. Ceux-ci font part de leur "totale incompréhension" quant aux poursuites disciplinaires que le ministre de la Justice pourrait engager en février devant le CSM, après remise du rapport.
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