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Affaire Georges Tron : Virginie Ettel est "soulagée et espère pouvoir se reconstruire" après ce verdict, selon son avocat

Alors que la cour d'assises a condamné en appel l'ex-secrétaire d'État Georges Tron à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour viol et agressions sexuelles en réunion sur son ancienne collaboratrice, l'avocat de cette dernière rapporte à franceinfo le soulagement de sa cliente.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'ancien secrétaire d'Etat Georges Tron, avant le dernier acte de son procès en appel, le 17 février 2021. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Virginie Ettel, ancienne collaboratrice de Georges Tron à la mairie de Draveil, dans l'Essonne, est "soulagée et espère pouvoir se reconstruire" après l'annonce du verdict rendu par la cour d'assises de Paris mercredi, a déclaré sur franceinfo son avocat, Me Vincent Ollivier, jeudi 18 février. La cour d'assises a condamné en appel l'ex-secrétaire d'État Georges Tron à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour viol et agressions sexuelles en réunion sur son ancienne collaboratrice. Il a été placé en détention.

franceinfo : Dans quel état d'esprit se trouve votre cliente après ce verdict ?

Vincent Ollivier : Elle se trouve dans l'état d'esprit d'une femme qui s'est battue pendant onze ans dans des conditions extrêmement difficiles, qui a été victime de pressions, de menaces et qui a vu sa vie basculer en raison des faits dont elle a été victime. Elle est aujourd'hui soulagée et espère pouvoir se reconstruire à l'issue de ce verdict. C'est la démonstration de ce que la justice, après un travail exemplaire qui a duré quatre semaines et un examen attentif d'un dossier, a considéré que dans ce dossier qu'il y avait toutes les preuves de la véracité de ce qu'elle disait, et des actes qu'elle avait subis.

Le cas de votre cliente a été reconnu, pas celui de l'autre plaignante. Peut-on parler d'une demi-victoire judiciaire ?

C'est le travail de la justice de distinguer entre deux situations qui peuvent apparaître similaires mais qui ne le sont pas nécessairement. C'est aussi peut-être l'annonce d'un nouveau travail à faire pour la justice, qui va consister en une appréciation peut-être plus fine des déclarations des victimes, et en une considération de la difficulté qu'elles peuvent avoir à dénoncer les faits. S'agissant d'Eva Loubrieu, la difficulté essentielle a résidé, à mon sens, dans le fait qu'elle était consentante au début des faits et que son consentement a ensuite évolué. Il a été difficile pour la cour d'assises d'apprécier à quel moment ce consentement avait cessé, et d'apprécier aussi si Georges Tron avait conscience de cette évolution de la victime. 

Avez-vous l'impression qu'avec cette décision, la notion d'emprise est reconnue et mise en avant ?

La notion d'emprise n'est pas une notion juridique. La seule notion juridique, c'est la notion de contrainte morale, qui peut renfermer en elle-même la question de l'emprise, mais qui au cas particulier est beaucoup plus précise. Il s'agissait pour la cour d'assises de constater que Virginie Ettel et Georges Tron, ainsi que Brigitte Gruel, n'étaient pas placés dans une position d'équilibre. Virginie Ettel était dans la dépendance économique, culturelle, sociale de Georges Tron, elle était son employée. C'est en cela que cette décision va être importante : elle va permettre de peut-être ouvrir une réflexion sur la question des relations sexuelles au travail, sur la question du consentement entre personnes qui ne sont pas placées dans une position d'égalité. L'emprise est une notion assez floue, il peut y avoir une emprise amoureuse, une emprise économique, et certaines de ces emprises, notamment l'emprise amoureuse, si elle s'accompagne d'un consentement, n'est pas blâmable en tant que telle. En revanche la contrainte, qui est véritablement la définition d'une force exercée sur quelqu'un pour l'amener à faire quelque chose qu'elle ne veut pas, ça c'est une notion juridique. L'avancée de l'arrêt de la cour d'assises qui a été rendu hier, c'est de constater que même entre personnes majeures, il peut exister une contrainte qui n'est pas physique mais morale. 

Pour vous, les leçons se poseront sur le monde du travail ?

Elles vont se poser sur la question de la subordination économique ou sociale, c'est plus large que le monde du travail. Je pense au milieu du cinéma et à l'affaire Weinstein, à des personnes qui, sans véritablement être les employés de quelqu'un, savent qu'elles vont devoir passer par cette personne pour poursuivre leur carrière. C'est plus la question de l'équilibre entre les personnes qui a été posée hier soir : est-ce qu'un déséquilibre structurel entre deux personnes va modifier la question du consentement ? La cour d'assises a répondu oui hier soir, et je pense que c'est en cela que c'est une avancée majeure.

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