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Procès de Georges Tron : "Le rôle de la justice" n'est pas de "replacer les victimes dans des situations traumatiques"

Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association Osez le féminisme, était l'invitée de franceinfo vendredi, pour commenter le renvoi du procès de Georges Tron, poursuivi pour viols en réunion. 

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Le tribunal de Bobigny (Seine-saint-Denis), le 12 décembre 2017. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

La cour d'assises de Seine-Saint-Denis a décidé, vendredi 15 décembre, de renvoyer le procès de Georges Tron et de son ex-adjointe à la Culture, Brigitte Gruel. La demande de renvoi avait été formulée par les avocats de la défense. Pendant l'audience, le président de la cour a été vivement critiqué pour son ton brusque à l'égard des femmes qui accusent Georges Tron de viols. "Le rôle de la justice est de comprendre, de punir ou d'acquitter mais pas de replacer les victimes dans des situations traumatiques", a dénoncé Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association Osez le féminisme, invitée de franceinfo.

franceinfo : Avez-vous un sentiment de gâchis après ces journées de procès ?

Raphaëlle Rémy-Leleu : J'ai un immense sentiment de colère. Comment peut-on avoir encore un juge qui malmène des femmes ainsi ? Ce juge explique lui-même qu'il aurait aimé qu'une femme soit juge. On aurait juste aimé qu'une personne formée soit capable de juger une affaire de viols. C'est absolument délirant. C'est la preuve du fossé immense qu'on a entre les déclarations de la justice qui nous dit que les personnels sont formés, et la réalité de ce qui se passe dans les salles d'assises. On s'en rend compte parce que cet agresseur [présumé] est connu, parce que son avocat est connu. Il faut imaginer des dizaines de milliers de femmes confrontées à une telle machine judiciaire qui ne fait que les renvoyer à des violences supplémentaires durant la procédure.

De quelle manière peut-on faire émerger la vérité dans une enceinte de justice tout en tenant compte de la douleur des plaignantes ?

Déjà en connaissant un minimum ce dont on parle. Quand on a un juge qui dit 'Bon bon, il vous a mis un doigt dans le vagin', au-delà de l'irrespect total pour la personne avec laquelle il discute, au-delà de la méconnaissance profonde des mécanismes de traumatismes, c'est quand même faire preuve d'une méconnaissance crasse du français. Une pénétration non consentie, avec un doigt, un pénis, ce que vous voulez, c'est un viol. Donc en fait, on a un juge qui acte comme si ça n'était pas grave. C'est profondément choquant, ça n'est pas dans ces conditions que la vérité peut émerger. 

La vérité, c'est le rôle de l'instruction. Le rôle de la justice est de comprendre, de punir ou d'acquitter mais pas de replacer les victimes dans des situations traumatiques.

Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association Osez le féminisme

à franceinfo

Redoutez-vous qu'après cela, des femmes agressées hésitent encore plus à porter plainte ?

On le sait d'avance. On sait que pour des femmes victimes, lire ce genre de choses est une violence supplémentaire. C'est terrible de se retrouver tout le temps dans ces injonctions contradictoires, où l'on vous dit qu'il faut être forte, qu'il faut parler, et en même temps, on vous piétine dès lors que vous témoignez. Il va falloir des réactions très fortes, des évolutions rapides. C'est une véritable urgence, parce que chaque femme qui ne témoigne pas, chaque agresseur impuni, est un risque supplémentaire qui pèse sur la vie de milliers de femmes en France chaque année.

"Comment peut-on avoir encore un juge qui malmène des femmes ainsi ?" Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association Osez le féminisme à franceinfo.

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