Procès des attentats de janvier 2015 : "Personnellement je suis vacciné contre le terrorisme depuis très longtemps", déclare Miguel Martinez

Article rédigé par Catherine Fournier, Violaine Jaussent
France Télévisions
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Une des salles d'audience, au premier jour du procès des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, à Paris, le 2 septembre 2020. (MARIE MAGNIN / HANS LUCAS / AFP)

L'ouverture du procès a ravivé de profondes émotions en France, en souvenir des 17 morts de ces attentats, les premiers d'une vague qui a déferlé ensuite sur le pays, faisant au total près de 250 morts.

Ce qu'il faut savoir

Historique et sous très haute surveillance. Le procès des attentats de janvier 2015 se poursuit, jeudi 3 septembre, au lendemain de son ouverture, plus de cinq ans après les faits. Quatorze accusés, dont trois seront jugés par défaut, sont poursuivis dans ce dossier. Ils sont soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux frères Kouachi et à Amedy Coulibaly. Cette deuxième journée d'audience est consacrée aux interrogatoires d'identité de sept d'entre eux, avec l'audition de membres de leurs familles et des enquêteurs de personnalité. 

"On me dit que je suis un terroriste à tout prix, alors que je ne suis pas radical", a lancé Saïd Makhlouf, l'un des accusés au procès des attentats de janvier 2015, alors que le tribunal se concentre en ce moment sur l'examen de sa personnalité. "Personnellement je suis vacciné contre le terrorisme depuis très longtemps", a déclaré un autre accusé, Miguel Martinez.

"Ca doit leur faire très mal". Abdelaziz Abbad, soupçonné d'avoir fourni des armes aux frères Kouachi, était le premier des accusés à s'exprimer jeudi matin. Il a affirmé qu'il était "innocent" et a exprimé de la compassion envers les victimes. "Elles ont perdu un collègue, un ami, ça doit leur faire très mal", a-t-il déclaré. 

 "Une justice pour comprendre"Mercredi, Isabelle Coutant-Peyre, l'avocate d'Ali Riza Polat, un des proches d'Amedy Coulibaly, a assuré que ce procès "n'est pas une justice vengeance, c'est une justice pour comprendre". "Je compatis à la souffrance de toutes les victimes, irréparable et définitive", mais "elle aurait pu être évitée si les services de renseignements et de surveillance avaient fait sérieusement leur travail", a attaqué l'avocate. Des propos aussitôt jugés "indécents" et "odieux" par des avocats des parties civiles.

 "Ne pas oublier les victimes". L'urgentiste Patrick Pelloux, ancien collaborateur à Charlie Hebdo, a assisté au premier jour du procès. "On est là pour ne pas oublier les victimes, c'est là où c'est difficile parce que ça remue plein de choses", a-t-il déclaré au micro de franceinfo. "On est là pour dire l'importance de la liberté d'expression, du devoir de caricaturer et de blasphémer", a poursuivi l'ancien membre de la rédaction du journal satirique.

 Une audience filmée. Ce procès d'ampleur, le deuxième pour un attentat jihadiste commis en France, après celui de 2017 pour les tueries perpétrées par Mohamed Merah, sera intégralement filmé en raison de son "intérêt pour la constitution d'archives historiques", selon la justice. Ces images seront conservées pendant cinquante ans avant de pouvoir être exploitées librement, mais les historiens et scientifiques pourront les consulter, sur demande motivée, dès la fin de l’instance.

 Une cour d'assises spéciale. Pour ce procès hors normes, une salle d'audience a été spécialement aménagée dans le nouveau tribunal de Paris, porte de Clichy. Les quatorze accusés comparaissent devant une cour d'assises spéciale composée de magistrats professionnels, un président et quatre assesseurs, compétente pour juger des actes de terrorisme, comme le veut la loi.