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"On était là pendant l’attaque de 'Charlie Hebdo'" : à Premières Lignes, les traumatismes de janvier 2015 ressurgissent après l'attaque au couteau à Paris

Deux salariés de la société de production Premières Lignes ont été blessés dans l'attaque au couteau à Paris vendredi. Une rédaction qui avait déjà vécu les attentats de "Charlie Hebdo" en janvier 2015.

Article rédigé par franceinfo - Théo Hetsch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les forces de l'ordre bloquent la rue menant au lieu de l'attaque au couteau à Paris où deux personnes ont été blessées près des anciens locaux de "Charlie Hebdo", le 25 septembre 2020. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Ils étaient déjà présents il y a cinq ans lors de l'attentat contre Charlie Hebdo. Ils ont cette fois été touchés directement. Deux salariés de la société de production Premières Lignes ont été blessés dans l'attaque à l'arme blanche vendredi 25 septembre dans le 11e arrondissement de Paris, devant les anciens locaux du journal satirique. La société produit notamment le magazine Cash investigation.

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La rédaction et les collaborateurs sont sous le choc. Cinq ans après les attentats de janvier 2015, c’est une nouvelle attaque rue Nicolas Appert. Forcément, les parallèles sont inévitables et les traumatismes ressurgissent. "On a réuni tout le monde, raconte Luc Hermann, le co-dirigeant de Premières Lignes. On est une cinquantaine de collaborateurs, je les aurai tous au téléphone pendant le week-end. On a mis en place une cellule de soutien psychologique très renforcée. Le hasard fait que j’ai appelé les mêmes numéros que j’avais appelés en janvier 2015."

Un souvenir douloureux

Luc Hermann était au deuxième étage de l'immeuble, il s'est réfugié au troisième avec une grande partie de l'équipe qui était là il y a cinq ans. Un cauchemar sanglant qui se répète au même endroit. À l'époque, les employés de Premières Lignes sont les premiers témoins. Ce sont eux qui filment les frères Kouachi sortant de l'immeuble et criant dans la rue.

Depuis, ils sont restés dans l'immeuble même si le souvenir est douloureux. "C’est nos locaux, on a toujours été là, raconte Paul Moreira, l’autre dirigeant de la société de production. On était là pendant l’attaque de Charlie Hebdo. On était parmi les premiers à être rentrés dans la pièce. On avait porté secours aux survivants". Pour le fondateur de Premières Lignes, "il y a le procès en ce moment, et c’est toujours le même immeuble. Je pense qu’il y a des gens qui pensent que c’est toujours les locaux de Charlie Hebdo".

Un manque de protection policière ?

Or, le journal satirique a déménagé depuis dans un lieu tenu secret et a emmené les agents de police avec eux, au grand dam d'Emmanuel Gagnier, le rédacteur en chef de Première Lignes : "On se pose la question de pourquoi il n’y avait pas une protection policière au moment du 'procès Charlie' qui fait évidemment remonter tout ça."

C’est comme ça depuis un moment. Il y a eu effectivement une protection policière pendant les mois qui ont suivi [les attentats], ensuite un policier statique et après des équipages qui passaient dans le quartier.

Emmanuel Gagnier, rédacteur en chef de Premières Lignes

franceinfo

Ces équipages de policiers "passent toujours dans le quartier mais il n’y avait pas de surveillance et de protection rapprochées du bâtiment", explique le rédacteur en chef. Une anomalie selon lui, qu'il a partagé avec le Premier ministre Jean Castex qui lui assuré tout son soutien. Mais maintenant, il dit attendre des actes.

L'agence Premières Lignes était déjà là il y a cinq ans quand "Charlie" était attaqué. Le reportage de Théo Hetsch.

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