Procès Xynthia : "Il y aura des moments éprouvants, il faut s'y préparer"
Beaucoup de solennité lundi lors de cette première journée d'audience. D'abord la salle de ce centre des congrès où siège le tribunal des Sables d'Olonne, au bord de l'océan : immense, des centaines de chaises sont installées. Tout le côté droit est occupé par les rescapés de Xynthia, au moins 130 personnes : hommes, femmes, qui ont perdu un mari, une mère, un enfant. Dans la nuit du 28 février 2010, la tempête Xynthia avait tué 29 personnes, englouties dans l'indondation de leur lotissement à La-Faute-sur-mer en Vendée.
Il y a aussi les mots du président, racontés par nos envoyées spéciales Delphine Gotchaux et Sophie Parmentier :
#xynthia très solennellement le président du tribunal pose le contexte: "le caractère exceptionnel de cette audience n échappe à personne"
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) September 15, 2014
"Il y aura des moments éprouvants, de tension, il faudra s'y préparer" dit le président du tribunal en ouverture du procès #Xynthia.
— Sophie Parmentier (@sophparm) September 15, 2014
#xynthia. Le president lit les charges retenues contre l ancien maire de la Faute, René Marratier. Égrène les noms des victimes. Terrible
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) September 15, 2014
Sur le banc des parties civiles, les visages sont graves, les coeurs se serrent lorsque le président égraine le nom des 29 victimes. Evelyne est une des sinistrés rencontrés par nos envoyées spéciales : "On a pris conscience depuis quatre ans, mais là c'est déposé devant tout le monde, en plus [les journalistes] vous êtes là pour nous relayer, pour dire à tout le monde ce qui est arrivé, parce que quelque fois on a l'impression d'avoir un peu rêvé... On se dit que c'est un mauvais cauchemar, mais là ce n'est plus un cauchemar il y a aura des mots dessus ".
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"Bien sûr que je regarderai les victimes, c'était des amis"
Lors de ce premier jour d'audience, l'ex-maire de La-Faute-sur-Mer s'est exprimé. C'est un homme assailli par les journalistes qui est arrivé au tribunal. René Marratier, 62 ans, est un des visages de la catastrophe. Il a été maire de la Faute jusqu'en mars dernier, pendant près de 30 ans. C'est un des cinq prévenus, poursuivi pour "homicides involontaires aggravés" et "mise en danger de la vie d'autrui par violation manifestement délibérée d'une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence".
René Maratier maire de la faute sur mer assailli par les journalistes #proces xynthia pic.twitter.com/l3jBvt5zYb
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) September 15, 2014
Il est arrivé le visage fermé, visiblement très marqué, il a brièvement répondu à la presse : "Mes pensées vont aux victimes, je tiens à garder le silence, je réserve mes paroles lors de l'audience. La douleur de la souffrance est inscrite jusqu'au plus profond de moi-même. J'ai fait ma mission de maire. Bien sûr que je regarderai les victimes, c'était des amis ". Quelques minutes plus tôt, l'un de ses avocats a expliqué que jour et nuit René Marratier se repasse le film de cette nuit-là : qu'aurait-il pu faire ? dû faire ?
L'accusation lui reproche une série de fautes, notamment de ne pas avoir alerté la population, d'avoir laissé construire des maisons dans cette zone dangereuse par la suite appelée "la cuvette de la mort". Les autres prévenus ont aussi défilé à la barre :
#xynthia. Les autres prévenus appelés à la barre pour la lecture des charges.
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) September 15, 2014
Françoise Babin, 1ere adjointe chargée de l'urbanisme.
Philippe Babin son fils, président de l'association qui gérait les digues de la Faute et aussi agent immobilier. Il a 43 ans. Visage marqué
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) September 15, 2014
4e prévenu à la barre, M. Maslin, gérant de société immobilière. Actuellement en arrêt maladie, santé fragile, en fauteuil roulant. #Xynthia
— Sophie Parmentier (@sophparm) September 15, 2014
#xynthia. Dernière personne physique: Alain Jacobsoone, fonctionnaire. Directeur adjoint chargé de la mer à la préfecture de Vendée en 2010.
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) September 15, 2014
Il lui est reproché de ne pas avoir prévenu le maire de la Faute sur Mer, malgré la demande express du Préfet. N a pas appelé René Marratier
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) September 15, 2014
Les cinq prévenus risquent tous au maximum cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. Le procès va durer jusqu'au 17 octobre, avant le jugement attendu le 12 décembre.
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