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Questions sur l'efficacité de la surveillance de Mohamed Merah par les services de police

Alors que Mohamed Merah a été tué ce matin à l'issue de l'assaut des hommes du Raid, sa surveillance par la DCRI suscite beaucoup de questions y compris au sein de l'exécutif, puisque Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, déclarait ce matin qu'il fallait faire "la clarté" sur une faille éventuelle des services de renseignement.
Article rédigé par Laurent Doulsan
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur avait répondu par avance à d'éventuelles critiques sur le travail de ces services. "La DCRI", explique Claude Guéant, la Direction Centrale du Renseignement Intérieur "suit beaucoup de personnes qui sont engagées dans le radicalisme islamiste". "Exprimer des idées", a poursuivi le ministre, "manifester des opinions salafistes ne suffit pas à déférer à la justice"....
Claude Guéant a également insisté sur la difficulté de démasquer ceux que l'on appelle les "loups solitaires ", ces jihadistes auto-proclamés qui agiraient en dehors de toute structure terroriste. Or depuis hier, on part de l'hypothèse que Merah est un "loup solitaire"

Que savait la DCRI sur Mohamed Merah?

Elle savait au moins que le tueur présumé avait séjourné en Afghanistan et au Pakistan. Le cas Merah leur avait été signalé. En général, explique une source policière, la DCRI "gère " les ressortissants français, comme Merah, qui ont fait le voyage dans ces pays. La DGSE se chargeant des étrangers résidant en France et soupçonnés de connivence avec l'islamisme. La DCRI était informée, car en novembre dernier, elle avait même interrogé Merah de retour du Pakistan. Selon Claude Guéant, le jeune homme avait convaincu les policiers qu'il s'agissait d'un voyage touristique. Il leur avait même montré plein de photos.
On peut s'interroger effectivement sur le sérieux de cet interrogatoire, car Merah était connu pour de multiples condamnations pour des faits de droit commun, y compris des faits de violence. On peut aussi s'interroger à ce sujet sur la circulation des informations entre les services de police.
La presse espagnole relate également deux épisodes connus de la police espagnole et logiquement donc de son homologue française. Merah aurait été repéré à un rassemblement d'islamistes radicaux à Gijon en 2007 et 2008. Il aurait été annoncé à une autre manifestation du même genre, tjr en Espagne, en 2011. Mais n'aurait pas été repéré sur place cette fois-ci...

 La  DCRI avait-elle le droit d'en faire plus?

Peut-être pas, si l'on en croit toujours certaines sources policières. Une surveillance resserrée implique le feu vert de l'appareil judiciaire. Ce n'est pas évident si l'individu ne représente pas une menace claire et nette. Pour des profils comme celui de Merah, les policiers pourraient avoir du se contenter d'écoutes téléphoniques administratives ou de surveillances d'ordinateurs. C'est en tout cas la ligne de défense qui se profile du côté du ministère de l'Intérieur.

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