Ce que l'on sait de la troisième plainte pour viols déposée à l'encontre de Tariq Ramadan
Une troisième plaignante révèle des rapports sexuels violents et imposés en 2013 et 2014. L'islamologue est déjà mis en examen pour deux viols sur deux femmes.
Les ennuis judiciaires s'amoncellent pour Tariq Ramadan. Une troisième plainte contre l'islamologue suisse a été déposée, mercredi 7 mars. Tariq Ramadan est actuellement en détention après avoir été accusé de viols par deux femmes. Il a été mis en examen le 2 février pour un viol en 2012 à Paris et pour un autre sur personne vulnérable en 2009 à Lyon. L'intellectuel nie tout rapport intime avec ces deux femmes. Franceinfo revient sur ces nouveaux éléments.
Qui est la troisième plaignante ?
Il s'agit d'une Française musulmane âgée d'une quarantaine d'années, vivant dans le nord de la France. Souhaitant garder l'anonymat, elle témoigne au micro d'Europe 1 sous le prénom "Marie". Elle aurait alors confié à Tariq Ramadan "son passé d'escort girl", une activité qu'elle aurait arrêtée bien avant sa rencontre avec l'islamologue.
Plus précisément, elle ferait partie des femmes rémunérées pour avoir eu des relations sexuelles avec Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire de l'hôtel Carlton de Lille. Une information que confirme Le Parisien. Mais Tariq Ramadan se serait servi de ces éléments pour la menacer, selon Europe 1, qui a consulté des SMS que la plaignante attribue à Tariq Ramadan.
Comment a-t-elle rencontré Tariq Ramadan ?
Au moment des faits, qui débutent en 2013, Marie "traverse une période difficile, elle vient de se séparer de son compagnon et élève seule son garçon et sa fille, sans disposer d'emploi stable", rapporte L'Express.
Selon la plainte que l'hebdomadaire a pu consulter, Marie dit avoir été contactée directement par Tariq Ramadan via Facebook. Il lui demande alors si elle a participé à l'une de ses conférences une semaine plus tôt. Elle se dit "surprise car elle n'avait participé à aucune conférence de Ramadan et fut dans un premier temps méfiante car elle n'imaginait pas avoir affaire réellement [à lui]", précisent ses avocats, Francis Szpiner, Grégoire Leclerc et Jonas Haddad, dans la plainte. Elle pense avoir été ciblée, car elle était abonnée à sa page officielle.
Puis les deux protagonistes entament une conversation par Skype. "J’ai été touchée et flattée qu’il vienne vers moi. C’est lui qui me contacte, il m’a mise en confiance. Je me suis livrée à lui en lui racontant tout ce qui s’est passé dans ma vie", confie-t-elle à Europe 1. Leur premier rendez-vous a lieu dans un hôtel de Bruxelles en février 2013.
Que lui reproche-t-elle ?
"Tout de suite, ça a dérapé dans une violence que je n’imaginais pas", explique Marie. Selon la plainte consultée par L'Express, Tariq Ramadan lui aurait imposé "de force une fellation en lui agrippant les cheveux". Puis il l'aurait humiliée dans la salle de bain, lui urinant dessus et la traitant de "chienne, pute, salope".
Marie assure être partie après le petit-déjeuner, sous le choc. "Aussitôt, il m’a reproché mon départ, en me disant que c’était un complot, que j’étais envoyée par ses ennemis et que je le regretterais", assure-t-elle à Europe 1. Malgré tout, elle le revoit. "Au départ, il y a eu des sentiments, sinon je n'aurais pas accepté de le voir. C'est après l'avoir rencontré que je me suis dit 'comment faire marche arrière ?' et c'est là que j'ai perdu les pédales", explique-t-elle à la radio. Marie estime avoir été sous "l'emprise" du théologien. Elle l'accuse de plusieurs viols en France, à Bruxelles et à Londres, et assure que Tariq Ramadan oscillait toujours entre menaces et excuses.
Dans sa plainte, elle décrit des rapports sexuels particulièrement violents et dégradants entre février 2013 et juin 2014, le plus souvent dans des hôtels en marge des conférences à succès de l'islamologue de 55 ans. "Il fallait que je lui obéisse, que je sois disponible 24 h/24, que je fasse tout ce qu'il me dise, prendre des photos dans des positions de soumission, à genoux pour lui demander pardon, l'appeler 'maître'", relate-t-elle à Europe 1. Au total, neuf viols sont inscrits dans la plainte.
Qu'est-ce que cela change pour l'enquête ?
Alors que les deux premières plaintes se basaient en majorité sur les déclarations des plaignantes, cette troisième plainte apporte beaucoup plus d'éléments matériels, qui pourraient servir aux enquêteurs. Europe 1 évoque ainsi "des centaines de captures d'écran de messages échangés via toutes les applications SMS, WhatsApp, Viber".
Par ailleurs, "plusieurs photos ont également été jointes au dossier, dont un selfie de la plaignante dans un lit à côté d'un homme assoupi, de trois quarts, qui ressemble à Tariq Ramadan", affirme la radio. Des vidéos ont aussi été versées au dossier ainsi qu'un enregistrement vocal d'"une minute et 43 secondes de propos très crus, pornographiques". La plaignante affirme qu'il s'agit de la voix de Tariq Ramadan et Europe 1 rapporte que la bande se termine par un "allez, exécution !". Les enquêteurs doivent désormais exploiter ces données.
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