Plainte dès 2010, menaces, signalement aux Etats-Unis... Ces nouveaux éléments qui viennent accabler Tariq Ramadan
Selon les informations du "Journal du dimanche", l'islamologue suisse aurait menacé à plusieurs reprises des femmes témoignant à son encontre, dès 2010. Aux Etats-Unis, une avocate a également signalé "une victime musulmane" du théologien auprès d'un procureur fédéral.
Nouvelles révélations dans l'affaire Tariq Ramadan. Selon les informations du Journal du dimanche, le théologien musulman, accusé de viols, a proféré à plusieurs reprises des menaces à l'encontre de femmes témoignant contre lui, et ce dès l'automne 2010. Une avocate a également annoncé avoir signalé "une victime" de Tariq Ramadan auprès d'un procureur fédéral des Etats-Unis, rapporte Marianne.
L'islamologue suisse est en détention provisoire depuis sa mise en examen, vendredi 2 février, pour "viol" et "viol sur personne vulnérable". Il est visé par les plaintes de deux femmes à la fin du mois d'octobre, pour des faits qui auraient eu lieu en octobre 2009 et au printemps 2012. Le théologien, qui se dit atteint d'une sclérose en plaques, a été hospitalisé vendredi soir, selon son comité de soutien.
Menaces, évocation d'une plainte dès 2010, nouveau signalement aux Etats-Unis... Quelles sont ces nouvelles informations issues de l'enquête qui semblent accabler encore plus Tariq Ramadan ?
L'évocation d'une plainte dès 2010
Dans son édition du 18 février, le Journal du dimanche révèle qu'une femme suisse, entendue dans le cadre de l'enquête ouverte visant Tariq Ramadan, a écrit une lettre recommandée à l'épouse de l'islamologue, le 12 novembre 2009. Dans ce courrier, elle explique qu'elle est "l'une des maîtresses de Tariq", et ce depuis "plusieurs années". "Je sais qu'il y a beaucoup d'autres femmes dans le même cas", prévient-elle. Cette femme suisse, qui affirme avoir "reçu des menaces", refuse de dévoiler son identité. Elle explique qu'elle "regrette cette prise de contact", mais évoque le "devoir" de dire à l'épouse de Tariq Ramadan "la vérité que vous connaissez certainement". "Tout ceci doit cesser, poursuit-elle. Il a fait trop de mal autour de lui."
Près d'un an plus tard, selon les éléments fournis par l'auteure de cette lettre, Tariq Ramadan évoque clairement une plainte dans leurs échanges par mail ou par SMS, tout en la menaçant d'une "foudre juridique" si elle continue de parler. Le 21 octobre 2010, l'islamologue aurait ainsi écrit à cette femme qu'"au tribunal, ils te poseront une seule question. Vous a-t-il maltraitée ? Et là, tu seras confondue sans soutien ni moyen de défense...". Quelque deux semaines plus tard, le 6 novembre 2010, le théologien va plus loin dans ses menaces : "Tu parles encore une fois de moi, tu continues à médire et salir sur le net ou dans tes milieux et c'est la foudre juridique qui s'abat sur toi, lui écrit-il. Dernier avertissement. Disparais et tais-toi."
Des menaces répétées
Ces messages ne seraient pas les seules menaces proférées par Tariq Ramadan à l'encontre des femmes témoignant dans le cadre de cette affaire. Selon les informations d'Europe 1, une victime présumée a subi les menaces verbales du théologien jusqu'au mois de novembre. Plusieurs femmes ont ainsi pu témoigner sous X dans cette enquête, les policiers estimant qu'elles pouvaient être menacées par l'islamologue.
Le Journal du dimanche évoque ainsi le cas d'une femme ayant témoigné sous X en raison de "pressions". Elle affirme avoir eu une liaison pendant six ans avec Tariq Ramadan. Dans des mails récents, datant du 26 janvier 2017, le théologien lui aurait écrit les phrases suivantes "je vais te troncher toi", ou encore "je vais te défoncer".
Dans des échanges datant du 7 août 2015, Tariq Ramadan lui aurait également demandé de "répondre à toutes mes demandes de disponibilité, de photos de choses insolites à faire". "Quand je dis 'fais', tu fais et tu auras le meilleur de moi", lui écrit-il ce même jour, selon les éléments fournis par cette femme.
Une plainte déposée aux Etats-Unis
L'enquête visant Tariq Ramadan évolue également outre-Atlantique. Comme le relève Marianne, une avocate, Rabia Chaudry, a annoncé sur Facebook avoir signalé "une victime musulmane de Tariq Ramadan" auprès d'un procureur fédéral des Etats-Unis, sans toutefois donner plus de précisions. "Je pense qu'il y en aura davantage", prévient-elle dans son message publié sur le réseau social. "Je partage cette information pour que d'autres ne pensent pas qu'elles sont seules".
"Je sais que cela est difficile pour notre communauté, mais cela ne nous aide pas de faire l'autruche, conclut l'avocate. Il y a des chances qu'il passe quelque temps en prison, et cela sera juste."
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