Trois militaires en faction agressés à l'arme blanche à Nice
Alors qu'ils surveillaient l'entrée d'un centre communautaire juif dans le centre de la ville de Nice, trois militaires ont été agressés mardi à l'arme blanche par un homme qui descendait du tramway. La patrouille surveillait notamment les locaux du Consistoire israélite de Nice, de Radio Shalom et d'une association israélite situés place Masséna.
François Hollande condamne un "acte criminel" et promet que "toute la lumière sera faite". Le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat s'est rendu au chevet des soldats blessés. Il est, selon lui, "trop tôt pour établir les intentions de l’agresseur" Le Ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve et le Ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian se sont rendus sur place dans la soirée.
> Ecoutez Adolphe Colrat, le préfet des Alpes-Maritimes :
Au sortir du tramway, place Masséna, l'agresseur avait fait mine de faire tomber un sac avant de poignarder au visage l'un des trois militaires. Un deuxième militaire ayant été blessé au bras. Le concours de la police municipale permettra ensuite, avec l'aide des militaires, de maitriser l'individu, qui sera interpellé dans la foulée par la police nationale.
Repéré par la DGSI et le Service du renseignement territorial
L'agresseur est âgé de trente ans. Jusqu'à la fin du mois dernier, il vivait à Mantes-la-Jolie : c'est dans le département des Yvelines qu’il est repéré par les hommes du Service du Renseignement Territorial. Les policiers avaient décelé chez lui un "prosélytisme agressif", selon une source proche de l'enquête, notamment dans une salle des sports. Une information enregistrée dans une note transmise à la DGSI.
Refoulé à la frontière turque
C’est dans ce cadre que la Direction générale de la Sécurité Intérieure s'était intéressé la semaine dernière à un voyage suspect du jeune homme en avion, prévu mercredi dernier au départ d'Ajaccio et à destination de la Turquie. Un billet simple qui laissait présager un éventuel voyage pour la Syrie. Les hommes de la Police aux Frontières, en lien avec la DGSI, ont alors prévenu les autorités turques, qui ont refoulé le futur agresseur des militaires de Nice.
De retour sur le sol français, le jeune homme a été immédiatement entendu par la DGSI, sans qu’il n’y ait, à ce stade, aucune charge suffisante pour judiciariser son dossier. L'homme était par ailleurs, selon nos informations, connu depuis 2006 pour des faits de délinquance de droit commun, notamment pour vol et usage de stupéfiants.
Une seconde personne a été interpellée et fait l'objet de "vérifications" : elle aurait été vue avec l'agresseur avant les faits. Des perquisitions ont eu lieu au domicile de l'agresseur présumé à Mantes-la-Jolie.
L'agresseur est actuellement entendu par la police. Le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête. Christian Estrosi, le maire de la ville, a évoqué dans la foulée une agression "extrêmement volontaire ", "voire préméditée ". "Cela démontre , poursuit-il, à quel point il faut renforcer la vigilance et la pertinence de tout le dispositif déployé dans les quartiers sensibles de la ville ." L'édile rapporte en outre que l'agression aurait été filmée par les caméras de surveillance installée dans la ville.
L'acte d'un déséquilibré ?
Christian Estrosi rapporte que l’agresseur a été contrôlé par des agents du réseau dans une rame de tramway sans titre de transport : "L’individu a été contrôlé par des agents du réseau dans une rame de tramway sans titre de transport. Il a accepté de payer son ticket mais refusé de montrer sa pièce d’identité. Il est alors descendu brutalement à proximité de ces militaires. Et avec un couteau très aiguisé, il a porté un coup léger à la joue d’un militaire et au bras d’un autre. Seule l’enquête judiciaire permettra de dire s’il s’agit de l’acte d’un déséquilibré ou de l’acte d’une filière djihadiste ", explique l'élu.
Pour le président du Consistoire israélite de Nice, Maurice Niddam, cette agression "semble de même nature que les précédentes ", faisant allusion aux attentats parisiens perpétrés par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly.
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, "va appeler la chaîne de commandement pour avoir des nouvelles de ces militaires, à qui il souhaite un prompt rétablissement", indique son entourage. Quelque 10.500 militaires ont été déployés, dont 5.800 en Ile-de-France, sur des sites sensibles, notamment les lieux de culte juifs et musulmans, devant des établissements scolaires ou les entreprises de presse, dans le cadre du plan Vigipirate, renforcé après les attentats commis en début d'année à Paris.
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