Un nouveau scandale alimentaire, au pays du foie gras ?
Le groupe Euralis, premier producteur mondial de foie gras, installé à Lescar dans le Béarn, et qui revendique 5.000 salariés, est aujourd'hui sévèrement pointé du doigt par cinq anciens gaveurs de canard.
Ils accusent le géant de l'agroalimentaire de prendre un peu trop de liberté avec les règles imposées par le cahier des charges, afin de prétendre à la très recherchée indication géographique protégée (IGP) Sud-Ouest. Parmi eux, Philippe Lapaque, qui dit avoir vu passer sous ses mains de gaveur des volatiles malades. "De toutes sortes de pathologies : une sorte de grippe, les yeux qui coulent, les diarrhées ou la maladie qui entre autres atrophie la croissance et rend les canards nains, rachitiques, avec des os aussi fragiles que du verre " raconte-t-il.
Très choqué par ce qu'il a vu, Philippe Lapaque dit avoir rapidement arrêté son activité, notamment après avoir vu les formateurs d'Euralis conseiller l'utilisation de médicaments sur les canards, une pratique proscrite. "Nous avons des notes de techniciens d'Euralis préconisant à ces gaveurs d'augmenter les doses de sulfate de cuivre pour lutter contre les maladies, c'est ce qu'on met dans les piscines pour lutter contre les mousses ", explique l'avocat des gaveurs.
Les cinq hommes ont porté plainte contre X pour tromperie auprès du parquet de Pau il y a déjà un an. Mais pour l'heure, aucun retour. Le parquet, joint par France Bleu Gascogne, ne souhaite pas communiquer sur l'affaire.
La direction se défend
Sur France Info, Luc Lemaire le secrétaire général du groupe Euralis explique que "l'administration
d'antibiotiques est tout à fait exceptionnelle, elle ne se fait que selon des
règles strictes (...) Un éleveur ou un gaveur se doit de soigner un canard malade
(...) Si pour soigner
l'animal il reçoit un traitement antibiotique
le canard perd son appellation IGP Sud Ouest".
Par ailleurs, dans un communiqué, Euralis explique "avoir une exigence de qualité totale concernant ses
produits" et affirme que, dans le cas de l'IGP Sud Ouest, un "contrôle
indépendant est exercé sur les
producteurs par Qualisud, organisme certificateur agréé par le Ministère de
l'Agriculture".
Dans son
communiqué, la direction de l'entreprise mise en cause explique enfin que
"la maladie de Derszy ne fait pas partie des maladies réglementées"
et que "cette
maladie se traite, le cas échéant, par vaccination et non par la prise
d'antibiotique".
Après le scandale de la viande de cheval, ces nouvelles accusations viennent de nouveau jeter un trouble dans la filière agroalimentaire française.
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