Une passagère accuse Air France de discrimination
Le 15 avril dernier, Horia
Ankour, 30 ans, élève infirmière et militante pro-palestinienne, monte dans un
avion à destination de Tel-Aviv. Elle compte aller participer à une opération
"Bienvenue en Palestine" organisée par des pro-palestiniens. Mais
avant le décollage, une employée d'Air France serait venue lui demander si elle
disposait d'un passeport israélien puis, après l'avoir prise à l'écart, si elle
était juive. Faute de réponse positive, Horia Ankour n'a pas été autorisée à
rester dans l'avion.
La jeune femme a assigné
Air France au tribunal pour discrimination. Elle a fait usage d'une procédure
de citation directe, qui permet de saisir directement un tribunal sans passer
par un juge d'instruction. Elle a toutefois reçu le soutien du parquet, qui
demande la condamnation d'Air France pour "discrimination
caractérisée ".
Une volonté de
"protéger " la cliente ?
Selon le procureur, la
compagnie aérienne "sort de son rôle" : "aujourd'hui on vous
demande si vous êtes juive, demain si vous êtes musulmane, après-demain si vous
êtes homosexuelle ou syndiquée ! ", affirme le procureur Abdelkrim Grini.
"L'hôtesse était gênée de me poser cette question, ça se voyait ", a
ajouté la victime.
Pour Air France, il s'agit
d'une volonté de "protéger " sa cliente : "On savait que cette
dame ne pourrait pas rentrer en Israël ", a déclaré l'employée d'Air France
qui était chargée de l'embarquement. Les autorités israéliennes avaient envoyé
une liste de personnes indésirables. "On a posé ces questions parce que
le chef d'escale d'Air France à Tel-Aviv le demandait ", a-t-elle
ajoutée, et donc, pour éviter que leur cliente ne soit placée en rétention à
son arrivée.
Le procureur a toutefois
objecté que même si "des personnes sont indésirables dans tel ou tel Etat,
une compagnie doit s'assurer que ces personnes ne doivent pas embarquer ",
la compagnie était "parfaitement en droit de refuser de répercuter les deux
questions ". La juge a mis l'accent sur la question de la religion :
"Pourquoi, s'il était certain que Mme Ankour serait refoulée, doit-on
passer à ce stade de l'interrogation sur la confession juive ? ". Le
tribunal rendra sa décision le 21 mars prochain.
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