Vergès, le défenseur de l'indéfendable
Jacques Vergès était un personnage controversé et secret. Retour sur le parcours et la vie de cet homme du barreau mort jeudi à l'âge de 88 ans.
Son parcours professionnel était tortueux, jalonné de figures condamnées par l’Histoire : le terroriste Carlos, le dictateur serbe Milosevic, le président ivoirien Bagbo… Jacques Vergés était l’avocat de l’indéfendable.
L’avocat du diable quand - en 1987 - il réclame l’acquittement du nazi Klaus Barbie. « Je disais à Barbie : Innocent ? Non. Monstre ? Non plus. Vous êtes un personnage de notre temps. Vous êtes l’officier subalterne d’une armée d’occupation, dans un pays qui résiste», se souvenait le sulfureux défenseur, en 2007.
Né d’une mère vietnamienne, l’homme est devenu très vite un militant anticolonialiste. Il enfilera la robe pour défendre le FLN et épousera une de ses clientes, héroïne de l’indépendance algérienne, et poseuse de bombes. "Chez Jacques, le militant était toujours présent, et l’emportait probablement, confirme Me Georges Kiejman. Il défendait davantage ses idées (…) qu’il ne défendait son client."
Le prétoire devenait avec lui tribune - comme lors du procès d’Omar Raddad - devant les caméras de télévison : "Il y a cent ans, on condamnait un jeune officier qui avait le tort d’être juif. Aujourd’hui, on condamne un jardinier parce qu’il a le tort d’être maghrébin."
Un voile de mystère entourait aussi des pans de sa vie personnelle. Où se trouvait-il entre 1970 et 1978 ? D’une pirouette, l’homme secret répondait : "J'étais en moi-même… Il est évident que je n’étais pas sur la Lune… pas sur la planète Mars…"
En 2008, c’est en comédien qu’on le retrouvait sur les planches d’un théâtre interprétant un texte sur la profession d’avocat...
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