Violences de Saint-Aignan : Miguel Duquenet condamné à 2 ans de prison
Miguel Duquenet, cousin d'un gitan tué par balle par un gendarme en 2010 à un barrage routier, comparaissait pour refus d'obtempérer. Retour sur une affaire sensible qui avait entraîné un tour de vis sécuritaire du gouvernement.
Le drame avait entraîné des violences en plein coeur de l'été 2010, à Saint-Aignan (Loir-et-Cher), et un tour de vis sécuritaire du gouvernement. Miguel Duquenet, un gitan qui conduisait une voiture à bord de laquelle son cousin avait été tué par balle à un barrage de gendarmerie en 2010, entraînant une série de violences à Saint-Aignan, a été condamné mardi 13 mars à Blois à deux ans de prison ferme. Il comparaissait pour refus d'obtempérer aggravé et conduite sans permis.
La procureure de la République à Blois Dominique Puechmaille avait requis une peine de trois ans de prison dont six mois avec sursis et mise à l'épreuve, rappelant que l'homme avait déjà été condamné à 12 reprises, notamment pour violences, outrage, rébellion et conduite sans permis.
FTVi revient sur cette affaire.
• Un vol de 20 euros à l'orgine du drame
L'affaire commence, le 16 juillet 2010 vers 20 heures, à Onzain (Loir-et-Cher) par un banal vol d'un billet de 20 euros à un adolescent. Les gendarmes retrouvent rapidement les auteurs présumés du vol devant un bar. Luigi et Alexandre Moreau sont alcoolisés.
Luigi, 23 ans, prend la fuite au volant d'une vieille Renault Chamade. La gendarmerie lance un plan "Filet Bleu" pour retrouver la voiture. Vers 22 heures, la Renault se retrouve à un barrage des gendarmes, à Thésée-la-Romaine, bourgade de la vallée du Cher.
• Une cavale qui tourne mal
Entre-temps, Luigi a cédé le volant à son cousin Miguel, 40 ans, qu'il avait embarqué en chemin. Aucun des deux ne possède le permis de conduire. Miguel ralentit puis accélère en arrivant à hauteur des gendarmes, à une vitesse à peine supérieure à 10 km/h selon l'expertise. Deux coups de feu claquent, l'un touche le moteur, l'autre blesse Luigi au thorax. Il décède peu après.
• Violentes réactions
La mort de Luigi entraîne de violentes réactions de la communauté des gens du voyage. Le 18 Juillet 2010, une cinquantaine de ses membres attaque la gendarmerie de Saint-Aignan (Loir-et-Cher) et des voitures sont incendiées dans d'autres villes de la vallée du Cher, comme le relate à l'époque ce sujet de France 3.
• Tour de vis sécuritaire
L’affaire prend une dimension politique. Le 21 juillet, Nicolas Sarkozy annonce la tenue d’une réunion sur les gens du voyage, rapporte Europe1. "Les événements survenus dans le Loir-et-Cher soulignent les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms", affirme le chef de l'Etat. Le gouvernement prend dans la foulée une série de mesures sécuritaires, annonçant notamment le démantèlement des camps de Roms illégaux.
Le 3 septembre, des dizaines de milliers de personnes manifestent dans toute la France, rapporte RTL, pour dénoncer la politique sécuritaire du gouvernement, accusé de répression et de xénophobie.
• La reddition et les accusations
Quelques jours après le drame, Miguel se rend aux gendarmes. Placé en détention provisoire, il explique avoir ralenti pour s'arrêter, puis avoir paniqué en entendant les coups de feu et accéléré. Soupçonné d'avoir délibérément foncé sur les gendarmes, Miguel est d'abord mis en examen pour tentative d'homicide, un crime passible des assises.
Le gendarme qui a tué Luigi est mis en examen pour coups mortels, le militaire plaide la légitime défense et bénéficie d'un non-lieu, à la stupeur de la famille Duquenet. Au même moment, les faits sont requalifiés. Miguel doit désormais répondre devant le tribunal correctionnel de refus d'obtempérer aggravé, un délit passible de cinq ans de prison.
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