La pénalisation des clients de prostituées sera-t-elle votée ?
Il était question de prison pour les clients des prostituées. Mais pour emporter la conviction des sceptiques, la rapporteure de la proposition de loi sur la prostitution, qui arrive vendredi devant les députés, a accepté de faire un pas en arrière. Le texte ne prévoit plus que de punir l'achat d'actes sexuels d'une amende de 1.500 euros, doublée en cas de récidive. Et le futur contrevenant aura la possibilité d'y échapper en suivant un stage de sensibilisation.
Patronnage de Najat Vallaud-Belkacem
Mais ces bémols n'ont pas pour autant étouffé le débat qui monte au sein des députés, comme dans toute la société, à mesure que la date du vote se rapproche. Et il transcende les clivages politiques. Logique puisqu'il a été initié par deux socialistes et un UMP, avec le bienveillant et constant patronage de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui a toujours souligné la position abolitionniste de la France en matière de prostitution.
Ainsi, si le vote favorable devrait être la règle au sein du groupe socialiste, de fortes personnalités s'en démarquent, comme le député de Paris, Jean-Marie Le Guen : "Les associations avec qui je travaille n'y sont pas favorables, parce que ce risque existe de faire partir les prostituées encore plus loin de l'espace public, donc encore plus difficilement en situation de contact avec les organismes sociaux et sanitaires ", explique-t-il. A gauche, les positions traditionnelles sont inversées : le Front de gauche votera pour, les écologistes contre.
A l'UMP, Christian Jacob reconnaît des divergences, à la fois sur la pénalisation des clients et sur la régularisation des prostituées étrangères qui voudront s'en sortir. La majorité devrait s'abstenir, mais certains voteront contre, comme Philippe Gosselin, de la Manche, d'autres diront oui, comme Eric Ciotti : "lorsque l'on mesure les dégâts que font les réseaux d'exploitation, la grande détresse de ces femmes venues souvent de l'étranger, je préfère aujourd'hui qu'il y ait cette avancée, même si ce texte ne résoudra pas la totalité du problème ", estime-t-il.
De son côté, l'UDI laissera la liberté de vote à ses parlementaires. L'avis général s'accorde autour d'un vote du texte, mais d'ici à son application éventuelle, il rencontrera sans doute quelques chausse-trappes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.