La toute première hydrolienne française a largué les amarres en Bretagne
La machine est imposante. Seize mètres de diamètre. Une hauteur de 21 mètres. L’équivalent d’un immeuble de sept étages.
L’hydrolienne a quitté le port de Brest hier après-midi ou elle a été assemblée.
Elle était amarrée à une barge de 56 mètres, construite à Lorient par les chantiers STX, conçue spécialement pour la transporter au large de l’île de Bréhat dans les Côtes-d’Armor, ou sera installé le premier parc hydrolien au monde l’année prochaine.
_ Pendant plusieurs mois, l’énorme turbine, construite par la société irlandaise Openhydro, d’un poids de mille tonnes sera immergée sans produire de l’électricité.
Elle sera posée par 35 mètres de fond au large de Paimpol-Bréhat.
Les ingénieurs vont tester sa réaction aux courants et au milieu naturel.
C’est seulement après que seront construites les trois autres machines du même type.
“Dans la taille et les délais du projet, il n'y a rien aujourd'hui de comparable”, a souligné Xavier Ursat, directeur des productions hydrauliques d'EDF.
Quelques hydroliennes expérimentales ont déjà été installées dans le monde, en Ecosse et au Canada notamment, mais “c'est la première fois que c'est fait avec une vocation industrielle” explique EDF.
Comment fonctionne une hydrolienne ?
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Hydrolienne : Comment ça marche?
EDF a décidé, à l'issue d'une large phase d'étude et de concertation, de tester une technologie innovante de production d'électricité à partir de l'énergie des courants de marée. Cette énergie, aussi appelée « énergie hydrolienne », est actuellement testée en Bretagne, à Paimpol-Bréhat.
Fin 2012, ces impressionnantes machines seront alors reliées sous la mer à un “convertisseur” électrique, confiné dans une boîte hermétique, qui sera lui-même raccordé au réseau continental par un câble de 15 kilomètres.
“Nous prévoyons une capacité de production électrique totale
de deux mégawatts, ce qui équivaut à peu près à la consommation annuelle de 2.000 à 3.000 foyers ”, a précisé Xavier Ursat.
Etudier les migrations des homards
Responsables d'EDF et de DCNS mettent en avant le caractère
prévisible des sources d'électricité de l'énergie hydrolienne,
en l'occurrence les courants et les marées, comme un atout de
poids vis-à-vis des éoliennes soumises aux caprices des vents.
Dans ce parc hydrolien choisi, les courants peuvent atteindre 3 mètres par seconde.
“Il s'agit d'un mode de production respectueux de l'environnement”, ajoute Frédéric Le Lidec de DCNS.
Avant de réaliser ce projet, EDF et DCNS ont tenu plusieurs réunions avec les plaisanciers, les pêcheurs et les associations environnementales.
Il faut dire que le site retenu s'installera sur trois hectares de l'une des plus grandes réserves de crustacés en Europe.
Des “compensations” d'un montant de 1,325 million d'euros
ont été débloquées par EDF afin de permettre aux pêcheurs d’étudier les réactions du milieu naturel et plus particulièrement les migrations de homards.
Le parc de Paimpol-Bréhat, sera un site pilote.
D'autres projets d'hydroliennes sont déjà envisagés au large de Cherbourg, en Normandie, ou de l'île d'Ouessant dans le Finistère.
D’ici une vingtaine d’années, il pourrait y avoir une centaine d’hydroliennes installées. Elles produiraient de l’électricité pour environ 100.000 foyers.
La France a pour objectif de produire 23% d'énergie renouvelable d'ici 2020. Elle vient aussi de lancer cinq importants appels d'offres d'éoliennes en mer, d'une capacité totale de 3 gigawatts à l'horizon 2015.
Mikaël Roparz
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