Le coup de vieux des médecins français
Médecin libéral : une profession en voie de disparition ? On en est encore loin, mais les indicateurs virent au rouge l’un après l’autre, selon le Conseil national de l’Ordre (CNOM). L’an dernier, la France comptait 199.987 médecins en activité régulière. Un chiffre quasi stable par rapport à 2009 et c’est deux fois plus que dans les années 70… mais voilà, depuis maintenant trois ans, la tendance est à la baisse. Un phénomène détaillé dans l’Atlas de la démographie médicale 2011, publié ce mardi.
De plus en plus de cheveux gris chez les blouses blanches. La moyenne d’âge des médecins ne cesse de grimper. Elle est passée de 50 à 51,4 ans l’an dernier par rapport à 2009. Quant aux plus de 55 ans, ils représentent désormais 42,9% de l’effectif médical français.
_ Un phénomène d’autant plus inquiétant que le nombre de médecins qui dévissent leurs plaques avant l’âge de la retraite augmente également. Ils étaient un peu plus de 900 l’an dernier. Ces retraités avant l’heure étaient installés principalement dans les grandes villes et près de la moitié d’entre eux exerçaient en médecine générale. Selon l’Atlas du CNOM, ils dénoncent des "charges financières trop lourdes" et surtout une "activité incompatible avec une vie de famille".
C’est sensiblement les mêmes arguments qu’on retrouve chez les plus jeunes. Cette année, 7.400 médecins vont sortir de la fac mais très peu d’entre eux vont se lancer dans une activité libérale. L’an dernier, ils étaient moins d’1 sur 10 (9,4%). Une proportion qui reste très faible, malgré un léger rebondissement.
_ Pourtant, explique l’Atlas, la plupart des jeunes qui décident de s’installer sont ravis de leur situation. 86% d’entre eux seraient prêts à recommander à l’un de leurs confrères d’exercer en libéral, à la condition de le faire dans un cabinet de groupe afin d’alléger les lourdeurs administratives. Alors comment expliquer cet écart entre le sentiment des libéraux et leur nombre ? Selon le Conseil de l’Ordre, le problème vient sans doute de la formation des futurs médecins, trop axée sur le monde hospitalier.
Résultat : la densité médicale n’a jamais été aussi faible : près de 307 médecins pour 100.000 habitants. Une désertification toujours très inégale en fonction des territoires. Les régions PACA et Ile-de-France comptent 1,5 fois plus de médecins que la Picardie, le Centre et la Haute-Normandie. Au total 14 régions sur 22 sont sous la moyenne nationale. Mais pour combler les manques, la France peut compter sur l'afflux de médecins étrangers. Environ un quart des médecins nouvellement inscrits l'an dernier ont obtenu leur diplôme hors de France. La plupart exercent dans les zones rurales.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.