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Le témoignage du dernier moine de Tibhirine

Quinze ans après l’enlèvement et l’exécution de sept membres de sa communauté en 1996 et quelques mois après la sortie du film Des hommes et des dieux, le dernier moine rescapé, le frère Jean-Pierre se confie pour la première fois dans une interview accordée au Figaro Magazine.
Article rédigé par franceinfo
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"Ce que nous avons vécu là, ensemble et dès le début, était une action de grâce". Le frère Jean-Pierre, 88 ans, vit désormais dans un monastère retiré du Maroc. Avec un autre membre de la communauté, aujourd'hui décédé, le père Amédée, il avait pu échapper à l'enlèvement.

"J’ai la certitude qu’ils sont près du Seigneur", explique frère Jean-Pierre en évoquant les sept membres de la communauté, décapités par leurs ravisseurs. Pour le religieux, qui assure ne ressentir ni haine, ni amertume, l’issue de l’enlèvement est "l’accomplissement de tout ce que nous avions préparé depuis longtemps, dans notre vie". Même si la peur restait présente dans la vie des moines : "Le soir, la nuit, on ne le disait pas mais chacun se demandait ce qui allait arriver".

Pendant la nuit du 26 au 27 mars 1996, le frère Jean-Pierre échappe à l'enlèvement. Il raconte qu'il a entendu les ravisseurs entrer et parler aux moines sortis de leur cellule. Mais il attend que les inconnus frappent à sa porte pour se manifester. "J'ai pensé qu'ils étaient partis. Un peu plus tard, le père Amédée a frappé et a dit "Les frères ont été enlevés !"". Le frère Jean-Pierre s'interroge : " Si je les avais entendus et vus sortir, qu'aurais-je fait ? Serais-je resté ou aurais-je couru derrière pour aller avec eux ?".

Interrogé sur les auteurs de l’enlèvement, le GIA ou l’armée algérienne, le frère Jean-Pierre assure qu'il ne connaît pas l'identité des ravisseurs. "Nous ne savons que ce qui s’est passé au monastère", explique-t-il, "Pour le reste, on se pose des questions comme tout le monde. L’enquête continue". Le juge parisien Marc Trévédic suit depuis 2009 la piste d’une bavure de l’armée algérienne.

Le frère Jean-Pierre salue le film de Marc Beauvois, Des Hommes et des dieux , récompensé par le Grand Prix du jury au festival de Cannes : "Ce film est une icône. Une icône qui dit beaucoup plus que ce que l’on voit… ". Une œuvre qui a attiré plus de deux millions de spectateurs dans les salles depuis sa sortie en septembre. Le film pourrait être prochainement soumis au jury des Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger.

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