Les bonnes affaires des sociétés d'autoroutes
Expliquer comment fonctionne la tarification des autoroutes est un vrai défi, une impossible mission. Même la Cour des Comptes qui s'est sérieusement penchée sur le sujet l'année dernière et l’année d’avant n'a pas réussi à donner une explication claire. Elle s’est d’ailleurs étonnée de la "grande opacité pour les usagers" de ce système.
(Voir ci-dessous le rapport de la Cour des Comptes)
L'une des sociétés privées qui gère les autoroutes annonce sur son site internet :
"Le prix dépend de la distance parcourue, en toute logique, plus on utilise l'autoroute, plus on paie". Sauf que c'est complètement faux.
Le système est compliqué mais le résultat est assez simple : Les tarifs sont quasi libres, en tout cas mal encadrés par l'Etat.
Avec la privatisation des autoroutes de 2002 à 2006, leur gestion a été confiée à différentes sociétés. Les pouvoirs publics ont tenté de fixer des limites.
_ Cette année par exemple, l'augmentation des prix des péages ne devait pas dépasser 70% de l'inflation soit environ 1,8%. Une limite respectée sur l'ensemble des tronçons. Mais pas kilomètre par kilomètre.
C'est le principe dit du "foisonnement".
En clair, un bon moyen de contourner la limite fixée par l'Etat.
Les tronçons les plus usités sont les plus chers.
Et ce sont ceux qui subissent les augmentations les plus fortes.
_ Tout en respectant la limite globale fixée par l'Etat.
Et il y a une autre astuce surprenante pour augmenter les recettes :
_ Si vous faîtes par exemple un trajet entre Auxerre et Villefranche sur Saône sans jamais quitter l'autoroute, vous payez 19 euros 10. Le même trajet, sur la même autoroute mais avec une sortie à Beaune pour re-rentrer immédiatement au même endroit, coût final : 18 euros 90.
20 centimes de différence. Pas grand chose pour l'automobiliste. Multipliés par le nombre d'usagers, une fortune pour le bénéficiaire au moment des comptes.
_ Officiellement, c’est pour une question d’arrondi des tarifs. Une situation globale qui agace Roger Braun : "au moment où les autoroutes ont été privatisées, l’Etat n’a pas pris suffisamment de garanties sur les méthodes de tarification", dit le directeur général de l'automobile club de France. "A l’évidence, la situation s’est dégradée depuis cette privatisation".
Le son de cloche est tout à fait différent dans les services de l’Etat concernés, où l’on explique que tout cela est très surveillé.
_ Mais les pouvoirs publics eux-mêmes reconnaissent qu'il est compliqué de modifier les règles de la concession.
Un effort va donc être fait pour nous informer sur les tarifs, les vrais tarifs.
Sachez en tout cas que ce week-end de chassé-croisé, c'est LE pic d'activité pour les sociétés d'autoroutes.
Pour les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône par exemple, c'est 40 millions d'euros engrangés en 3 jours.
Richard Place
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