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Les intermittents manifestent, le gouvernement joue l'apaisement

Plusieurs milliers d'intermittents du spectacle ont manifesté ce lundi à Paris, pour protester contre la nouvelle convention d'assurance chômage, qui doit entrer en vigueur, avec des aménagements possibles. François Rebsamen "envisage d'agréer la convention du 14 mai" selon un rapport remis aux membres du Conseil national de l'emploi. Plusieurs événements culturels pourraient être annulés.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Des manifestations d'intermittents ont eu lieu dans plusieurs grandes villes, comme ici à Strasbourg © Maxppp)

Les intermittents se sont fait entendre lundi après-midi, sur la place du Palais-Royal à Paris - ainsi que dans plusieurs grandes villes -, à quelques encablures du ministère de la Culture. Les oreilles de la ministre, Aurélie Filippetti, ont d'ailleurs dû beaucoup siffler, elle qui était clairement visée par certaines banderoles comme cette inventive "Filippettitanic" brandie par des manifestants. Elle avait pris les devants, accordant une interview publiée sur le site Internet du Monde . Dans celle-ci, elle semble vouloir apaiser les esprits, affirmant notamment que "les intermittents ne sont pas des privilégiés ".

Malgré cette prise de parole, et celle de Manuel Valls sur France Info le matin même - le Premier ministre s'est prononcé pour une "remise à plat du système " -, la tension est toujours palpable. Emmenés par la CGT-Spectacles, les intermittents refusent toujours la validation de la nouvelle convention d'assurance chômage, qui durcit les règles d'indemnisation pour ce régime bien particulier. Et, si le secrétaire général du syndicat, Denis Gravouil, reconnaît "une ouverture ", il prévient : "Je voudrais savoir comment articuler ces propos avec un agrément du texte au 1er juillet ".

Le texte sera appliqué, affirme le ministre

Car un peu plus tôt, un rapport remis par le ministre de l'Emploi aux membres du Conseil national de l'emploi avait remis le feu aux poudres. En effet, à l'intérieur il est clairement spécifié que François Rebsamen "envisage d'agréer la convention du 14 mai et les textes qui lui sont associés ". Elle entrerait ainsi en vigueur le 1er juillet prochain, et préserverait "le caractère spécifique du régime des intermittents du spectacle ".

Selon les calculs effectués par l'Unédic, les nouvelles règles de calcul du différé d'indemnisation chômage, propre aux intermittents, ne changeront rien à la situation de "plus de la moitié d'entre eux". Le 22 mars dernier, le patronat et trois syndicats sur cinq (FO, CFDT et CFTC) avaient signé l'accord. Mais la porte est encore entrouverte, si l'on en croit les déclarations des uns et des autres. D'ailleurs, ce rapport gouvernemental le souligne : "Les partenaires sociaux, l'Etat et les professionnels du secteur engageront une concertation sur les moyens d'améliorer les conditions d'emploi et de lutter contre la précarité et les abus dans ce secteur ". Ceci, alors qu'un médiateur a été nommé pour déminer ce dossier explosif.

Le médiateur en terrain miné

"La balle est dans le camp du médiateur nommé par le gouvernement. On le revoit mercredi et il fera des propositions à la fin de la semaine ", a expliqué ce lundi le secrétaire général de la CGT-Spectacles Denis Gravouil. Ce fameux médiateur, le député PS Jean-Patrick Gille, n'aura pas la tâche facile face à des troupes chauffées à blanc. Le maître-mot, utilisé par Aurélie Filippeti dans son entretien au Monde, est "apaisement ". La ministre estime notamment que "les conditions du dialogue social n'ont pas été satisfaisantes ".

Mais en attendant, la menace plane toujours sur de nombreux événements culturels estivaux, qui pourraient être fortement perturbés voire carrément annulés. La grève a par exemple été reconduite au Printemps des Comédiens de Montpellier, et le "in" du Festival d'Avignon est désormais dans le viseur des protestataires. Le mouvement touche également la télévision : les deux éditions bilingues du journal d'Arte ont été annulées ce lundi, tout comme l'émission quotidienne des Guignols de l'Info sur Canal+. Réunis en assemblée générale dans la soirée au parc de la Villette à Paris, les intermittents ont même appelé à "amplifier la grève ".

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